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dimanche 29 septembre 2019

Dernières nouvelles du continent (6)


Corne de l’Afrique
Hâte d’écouter le nouveau podcast de l’International Crisis Group consacré à la Corne de l’Afrique simplement intitulé « The Horn ». Décidément les transformations contemporaines dans la Corne de l’Afrique font des émules. L’Université de Washington créée une initiative pour combler le manque de recherche sur le sujet. A quand la même chose en France ?

Pour vous aider à préparer vos syllabus de cours, la revue International Affairs propose une bibliographie. Je suis très fière de retrouver mon article sur l’Ethiopie dans la sélection Afrique aux côtés de Denis Tull sur l’armée malienne.
Tefera Negash Gebregziabher publie dans African Affairs un article sur l’histoire de l’idéologie portée au sein du parti éthiopien TPLF : « It argues that the circumstances surrounding the ‘shifts’ in ideologies by the TPLF show that ideologies were used to consolidate power within the party and later impose domination at the state level. A thorough investigation of the ideological history of the TPLF is crucial as Ethiopia seems to be standing at a critical ideological crossroad.” Le Journal Democratization consacre également un article à l’Ethiopie et plus particulièrement à son modèle de Dévelopmental State. Ce modèle adopté par l’Ethiopie ou le Rwanda semble être privilégié par les donateurs internationaux bien qu’il s’accompagne de régimes autoritaires peu regardant sur les droits de l’Homme. Cet article interroge ce paradoxe. Il faut également lire cette analyse sur les contestations politiques contemporaines en Ethiopie.
Harry Verhoeven publie dans Civil Wars un article sur ‘interventionnisme des pays du Golfe dans la Corne. Selon lui : «  this interventionist thrust is historically rooted and deeply structural: the politics of state survival that dominate both the Gulf and the Horn are leading aspiring regional hegemons with a self-proclaimed responsibility to provide order to securitise their near abroad. Originating from the self-identity of regional powers and efforts to protect their respective domestic political settlements, this is producing a profoundly destabilising pattern of regional polarization”.
Les Cahiers d’Etudes africaines publient un nouveau numéro. J’ai hâte d’y lire cet article : « From Grievance to Greed in Somalia. The Formation, Failure and Fall of the United Somali Congress (1989-1991)”. Sur Twitter Paul D. Williams spécialise de la Somalie s’interroge sur la nécessité pour l’AMISOM de négocier avec Al Shabaab.
Le Point Afrique consacre une série de billets sur les féministes au Kenya avec notamment une interview de la politiste Marie-Emmanuelle Pomerolle qui publie, avec Nanjala Nyabola, “Where Women Are, Gender and the 2017 Kenyan Elections”. Elle explique : « Au Kenya, comme dans beaucoup d'autres endroits, l'analyse des élections, et du politique en général, met en avant les dynamiques de partis, les tensions ethniques, parfois les disparités économiques, mais les rapports de genre sont invisibles. Pourtant, regarder les élections avec ces lunettes permet d'enrichir l'analyse du politique. »
Afrique de l’Ouest
Le bulletin franco Paix de septembre porte sur l’armée guinéenne et s’interroge sur ce qu’est « une institution d’État, qui échappe à cet État à certains moments, s’y confond à d’autres et qui repose sur des modes de gouvernement ambigus et complexes ».
La France est-elle intervenue dans le Nord du Mali pour le pétrole ? C’est la question que pose Marc Antoine Pérouse de Montclos et Thierry Hommel dans un article de The Conversation Ils démontrent qu’ « Il n’y a pas de corrélation entre les zones d’intervention de l’armée française et la ventilation géographique des intérêts économiques de l’ancienne puissance coloniale sur le continent» e tplus loin d’ajouter : « Depuis 2013, les opérations Serval puis Barkhane n’ont guère été rentables au vu de leur coût, qui a augmenté dans la durée, et de leur incapacité à rétablir les parts de marché de la France, en perte de vitesse dans ses secteurs phares : machines, appareils électriques et électroniques, produits pharmaceutiques, aéronautique, automobile ». En 2015, nous faisions le même type de constat dans un article sur la politique de la France au Sahel : « la France reste en général l’un des principaux fournisseurs des cinq Etats. Inversement, ces derniers ne sont pas les principaux partenaires de la France en termes d’échanges économiques. Ainsi, la balance commerciale avec les Etats du Sahel est fortement excédentaire en faveur de la France ». Cette réflexion générale sur le rôle des ressources dans le déclenchement des guerres nous rappelle celle de Romain Mielcarek en 2016: « La seule guerre dont on est convaincus qu’elle a été déclarée pour le pétrole, est celle du Chaco, opposant la Bolivie et le Paraguay entre 1932 et 1935. 110 000 morts plus tard (un quart des combattants), on réalisera que la vaste plaine convoitée par les deux voisins… ne dispose finalement d’aucunes réserves. Dans les autres conflits, le pétrole n’est pas le motif de la guerre. En tout cas pas le seul. »
A noter : L’Institut français de recherche en Sciences Humaines au Nigéria (IFRA Ibadan) recherche son nouveau directeur !
Afrique centrale
Lignes de défense a consacré une émission à la Russie en RCA. Ces derniers mois les oligarques russes ont massivement investit en Centrafrique mais on voit également des contractors russes. La Russie déploie aussi son soft power dans les secteurs médicaux et agricoles.
Les travaux sur le Burundi se font rares. Quel plaisir, donc, de lire cet article de Jean Pierre Chrétien ! Le chercheur spécialiste des Grands Lacs voit dans une manifestation le 25 août dans les rues de Bujumbura pour dénoncer le Rwanda, qui aurait « volé et utilisé les tambours burundais en violation des lois burundaises et même internationales” (…) une nouvelle tentative du régime de Pierre Nkurunziza pour mobiliser contre le voisin rwandais des passions nationalistes (voire « ethniques »), susceptibles d’être utiles lors du futur scrutin présidentiel de 2020. »
Dans le cadre de la troisième phase - « l’insécurité en ville » - du Projet Usalama (dont l’objectif est d’étudier la dynamique du conflit et de la violence et les effets de ces deux phénomènes sur la société congolaise) Judith Verweijen publie un rapport sur la violence urbain dans l'est du Congo.
Arts et littérature
Jetez un coup d’œil sur Twitter à ce Thread sur les 50 meilleurs livres africains écrits en anglais.
La prochaine journée d'étude de l'Association pour l'étude des littératures africaines se tiendra le 25 septembre 2020 à l'université Paris-Nanterre et sera consacrée aux représentations artistiques et littéraires de la relation sino-africaine. Les propositions de communication (300 mots maximum) accompagnées d’une brève bio-bibliographie sont à adresser avant le 1er mars 2020 aux trois adresses suivantes : ninon.chavoz@gmail.com ; pierr.leroux@gmail.comet fparavy@yahoo.fr
Conférences et appels à communications 
Appel à contributions REAF 2020 : le Groupement d’Intérêt Scientifique «Études Africaines en France » tiendra ses sixièmes rencontres les mardi 7, mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 juillet 2020 à Marseille. Les chercheur.e.s sont invité.e.s à déposer sur le site : https://reaf2020.sciencesconf.org  un document présentant une proposition d’atelier au plus tard le 6 janvier 2020.
Le séminaire  sur les approches postcoloniales (SAP) reprend avec une première séance le 1er octobre autour  Stéphane Dufoix, professeur des universités en sociologie à l'Université Paris Nanterre.
Encore quelques heures pour s’inscrire au Séminaire ’Conflits armés et patrimoine en Afrique’ qui se tiendra le 10 octobre à Paris.
In Mémorandum
Le 27 septembre RFIrecevait Jean Merckaert, rédacteur en chef de la revue Projets. Les hommages sont unanimes ces derniers jours respectant l’adage latin « de mortuis nihil nisi bonum » (des morts, on ne dit que du bien »). Pourtant Jacques Chirac c’est aussi des « amitiés » peu recommandable qui se traduisaient par un retour d’ascenseur comme les financements d’Omar Bongo. Une politique de réseaux incarnée par des proches comme Foccart ou Pasqua.
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lundi 31 octobre 2016

Djibouti dans le jeu international

Nous publions un article sur Djibouti dans le numéro d'octobre de la revue Esprit (ICI).
Voici un extrait de l'article :


Alors que les regains de tensions en mer de Chine méridionale suscitent l’inquiétude des décideurs politiques et concentrent l’attention des médias, l’onde de choc de ces tensions pourrait toucher les rives d’un petit territoire à l’est du continent africain. Djibouti concentre depuis quelques années la présence militaire des puissances internationales et attirent les investissements étrangers du monde entier. Les jeux diplomatiques qui s’y jouent sont particulièrement révélateurs des évolutions du système international. Cet îlot de tranquillité de 23 200 km², dans une région agitée par les conflits, accueille les troupes françaises, américaines, japonaises, européennes et bientôt chinoises, saoudiennes et peut-être russes. Les plus puissants États y ont pris place afin de lutter contre la piraterie, le terrorisme ou, plus récemment, comme base arrière dans le cadre de la guerre au Yémen. Djibouti représente également un atout économique majeur. Bien que ce territoire ne produise aucune richesse, il pourrait jouer un rôle de plateforme régionale et une pièce maîtresse dans le projet d’intégration économique, soutenu par Pékin. Garnison internationale, hub maritime et logistique régional, Djibouti l’oublié se trouve désormais au cœur du nouveau grand jeu international.

mardi 21 janvier 2014

Présentation thèse de doctorat

L'animatrice de ce blog a récemment soutenu sa thèse de doctorat en science politique (ouf quel soulagement !). Permettez-moi de diffuser ici le résumé de cette thèse. Plus d'informations : goodmorningafrika@gmail.com

Titre :
Régionalisme, régionalisation des conflits et construction de l'État : l'équation sécuritaire de la Corne de l’Afrique

Résumé :

En dépit de sa complexité analytique, la situation sécuritaire de la Corne de l’Afrique peut être soumise aux outils de la Science politique afin de mieux comprendre les interactions entre les différents acteurs. Cette recherche s’efforce d’analyser les ressorts d’une équation sécuritaire qui peut paraître insoluble : le régionalisme est-il aujourd’hui un prérequis à l’émergence d’une paix régionale ? Pour répondre à cette question il est nécessaire de comprendre quels rôles jouent les processus sécuritaires régionaux (régionalisation et régionalisme) dans la construction des États de la Corne de l’Afrique. Cette étude s’efforce d’étudier les interactions entre le régionalisme, fondement de l’architecture de paix et de sécurité continentale, la régionalisation des conflits, qui semble à l’œuvre dans cette région, et les processus de construction/formation de l’État. Les rapports entre les trois termes de l’équation dépendent du contexte et des interactions entre les différentes entités composant la région (États, acteurs non étatiques qui se dressent contre eux ou négocient avec eux et acteurs extérieurs). Deux types de dynamiques sont mises en évidence au terme de cette étude : l’une endogène, l’autre exogène. Dans la première, nous constatons que les conflits participent à la formation de l’État. Ils sont en grande partie des conflits internes et montrent qu’il existe une crise dans l’État. Ces États dominent le processus de régionalisme qui tente de réguler la conflictualité régionale avec un succès relatif puisque les organisations régionales cherchent à renforcer ou reconstruire l’État selon les critères idéalisés de l’État wébérien vu comme source de stabilité. Le processus exogène se caractérise par le rôle des conflits régionaux dont l’existence sert de justificatif au développement et au renforcement du régionalisme, perçu comme la réponse la plus appropriée à ces problèmes de conflictualités. Cette conflictualité a pour source l’État car celui-ci est perçu comme faible. Le régionalisme permettrait de renforcer les États et diminuerait leurs velléités de faire la guerre.

mercredi 15 janvier 2014

Le terrorisme jihadisme dans la Corne ou la construction d une menace (1998-2005)

Il est devenu un lieu commun dans les discours politiques et académiques de présenter la Corne de l’Afrique, et plus largement l’Afrique de l’Est, comme une région majeure de développement du terrorisme jihadiste. La réalité est pourtant bien plus nuancée. D’une part, et à l’exception du Kenya, les autres pays de la région semblent relativement épargnés par le phénomène. En effet, l’Éthiopie a été relativement peu touchée par les attaques liées à des organisations affiliées à Al-Qaïda[1]. La plupart des attaques connues sont d’Al-Itthad al-Islami, basée en Somalie, avec des ramifications en Éthiopie, et les groupes comme le Front de Libération Oromo et le Front National de Libération de l’Ogaden qui pratiquent l’assassinat, le kidnapping, minent les routes, préparent des attentats dans les bars, les hôtels ou les bâtiments publics (on se référera aux tableaux en annexes).
D’autre part, B. Møller a démontré la faiblesse quantitativement des activités terroristes d’Al-Qaïda dans la région entre 1998 et 2005[2]. La figure suivante recense tous les incidents terroristes dans la région. Il en ressort que ni le nombre d’attaques terroristes, ni le nombre de tués ou de blessés ne semblent particulièrement alarmants. Environ onze incidents par an en moyenne et moins d’une centaine de tués dans toute la région. Le troisième tableau montre, à l’exception des deux attentats de 1998, que le terrorisme est principalement motivé par des raisons politiques plutôt que religieuses. Lorsque la religion est en cause, ce n’est souvent pas l’islam, mais le christianisme. C’est par exemple le cas de la LRA (Lord’s Resistance Army) de Joseph Kony en Ouganda. Comme le précise B. Møller, vingt fois plus de personnes ont péri dans des attentats perpétrés par des personnes de confession chrétienne que par des jihadistes. Enfin, le dernier tableau indique que la menace terroriste varie d’un pays à l’autre. L’Ouganda est le plus vulnérable des huit pays présentés (si nous excluons les deux attentats de 1998).


Figure 14: Tableau des incidents terroristes dans la Corne de l’Afrique entre 1998 et 2005

 

Figure 15: Tableau du terrorisme en Afrique de l'Est

 

Figure 16: Tableau des actes terroristes par causes



Figure 17: Tableau de répartition géographique (par pays) des actes terroristes

 

Ainsi, la menace terroriste jihadiste, dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est plus généralement, est surestimée pour la période allant de 1998 à 2005. Il fut de l’intérêt des gouvernements locaux d’exagérer cette menace afin de se placer parmi les alliés des États-Unis dans la guerre contre le terrorisme, d’obtenir des subsides, et enfin, « en interne », de labéliser comme « terroristes » leurs propres opposants et les combattre en adoptant des mesures extra-ordinaires. Or ceci mènera à l’intervention éthiopienne en Somalie en 2006 e.


[1] Abdul MOHAMED, Ethiopia’s Strategic Dilemma in the Horn of Africa, 20 février 2007, (en ligne sur Crisis in The Horn of Africa), consulté le 18 mai 2011, http://hornofafrica.ssrc.org/Abdul_Mohammed/
[2] Bjørn MØLLER, « The Horn of Africa and the US ”War on Terror” with a special Focus on Somalia », Development, Innovation and International Political Economy Research (DIIPER), Aalborg University Denmark, DIIPER Research Series, Working Paper n°16, 2009, 58p.