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lundi 17 juin 2013

Les relations Afrique - Chine

Jusqu’au 4 juillet, vous pouvez accéder gratuitement aux articles du dernier numéro de la revue African Studies Review, consacrés aux relations entre la Chine et l’Afrique. Précipitez-vous pour télécharger ces articles ICI !



Sommaire :

-Introduction, Jamie Monson and Stephanie Rupp
-Remembering Work on the Tazara Railway in Africa and China, 1965-2011: When "New Men" Grow Old, Jamie Monson
-Chinese Devils, the Global Market, and the Declining Power of Togo's Nana-Benzes, Nina Sylvanus
-African Pentecostal Migrants in China: Marginalization and the Alternative Geography of a Mission Theology, Heidi Østbø Haugen
-Ghana, China, and the Politics of Energy, Stephanie Rupp
-Perceptions of Chinese in Southern Africa: Constructions of the "Other" and the Role of Memory, Yoon Jung Park

-China and Africa Rebooted: Globalization(s), Simplification(s), and Cross-Cutting Dynamics in "South-South" Relations, Julia C. Strauss

dimanche 1 avril 2012

Café stratégique : Jeux d'influences en Somalie

Quinzième numéro (déjà) des cafés stratégiques...
Pour l’occasion nous poserons notre regard sur une région méconnue : la Corne de l’Afrique. Roland Marchal, chargée d’études au CNRS/CERI Sciences Po viendra évoquer les jeux d’influences observables en Somalie.


La situation en Somalie se trouve radicalement modifiée depuis quelques mois : les Shebab ont quitté Mogadiscio en août, les Kenyans et les Ethiopiens ont lancé des opérations miliaires au sud et à l’Ouest du pays, la mission de l’Union Africaine (AMISOM) doit être révisée et de nouveaux financements sont nécessaires, etc.
Mais un autre enjeu doit être relevé, celui de la coordination des différents acteurs présents sur place.

Illustration : Représentation somalienne des jeux d'influences en Somalie (Amin Art)

En effet, la Somalie est un carrefour d’influences. Roland Marchal a montré que c’est l’intervention éthiopienne de 2006 et le soutien américain dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, qui ont créé un appel pour des éléments étrangers et le développement du radicalisme. Certes cette tendance existait auparavant mais uniquement au sein d’une frange minoritaire.

Depuis d’autres acteurs étatiques imposent leur agenda dans le processus en cours. D’ailleurs, la conférence de Londres en février 2012 avait pour objectif de coordonner tous ces acteurs. Le 12 avril, nous demanderons à Roland Marchal de nous éclairer sur le rôle joué actuellement par : la Turquie qui fut la première à réouvrir son ambassade à Mogadiscio en 2011, mais aussi le Qatar, l’Iran, l’Arabie Saoudite, etc. Quelle est la politique de ces acteurs en Somalie ? Pensent-ils vraiment que processus en cours en Somalie est guidé par l'UA et l'IGAD et donc suivent les agendas des Occidentaux et des Ethiopiens ? Se montrent-ils plus efficaces que les Occidentaux justement (Etats-Unis et Européens) ? Quelle coordination possible avec ces derniers ?

Pour répondre à ces questions et débattre avec Roland Marchal rendez-vous le jeudi 12 avril 2012 de 19h à 21h (entrée libre), Café Le Concorde, métro Assemblée nationale, 239, boulevard Saint-Germain 75007 Paris

Bibliographie :

- Markus Virgil Hoehne, “Counter-terrorism in Somalia, or : how external interferences helped to produce militant Islamism”, 17 décembre 2009, (en ligne) consulté le 15 juin 2011
- Roland Marchal, “Islamic political dynamics in the Somali civil war”, in Alex de Waal (ed.), Islamism and Its Enemies in the Horn of Africa, Indiana University Press, 2004
- Roland Marchal, « Somalie : un nouveau front antiterroriste ? », in Les Etudes du CERI, n°135, juin 2007, 28p.
-David H. Shinn, “Al-Qaeda in East Africa and the Horn”, in The Journal of Conflict Studies, Eté 2007, 29p.

Revue de presse :
- Turkey challenges Iran in Somalia ICI
- Only Turkey is showing solidarity with Somalia's people ICI
- Turkey takes giant leap toward Africa, prioritizes Somalia on agenda ICI
- Turkey's Increasing Role in Somalia: An Emerging Donor? ICI
- HH Shaikh Nasser reiterates Bahrain's support to the brotherly Somali people ICI
- La Somalie à la veille d'un tournant majeur ? ICI

mardi 22 novembre 2011

Les engagements stratégiques français : nouveaux regards

L'Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM) organise le 24 novembre une journée d’étude sur l'actualisation du Livre blanc. Les doctorants du séminaire "Jeunes chercheurs" de l'Institut seront invités à proposer des "Éléments de réflexion pour l’actualisation du livre blanc sur la défense et de la sécurité nationale"

Synopsis : "Depuis 2008, la multiplication des tensions régionales et des crises économiques ont amené de nombreux changements dans le contexte géostratégique. L’arc de crise défini par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008, qui va de l’Atlantique à l’océan Indien a été confirmé, notamment avec le maintien des zones de crises et surtout avec les révoltes dans le monde arabe. Ces derniers évènements ont néanmoins laissé entrevoir de nouveaux enjeux, de nouveaux défis à traiter, pour notre stratégie, pour nos forces armées.

mercredi 24 novembre 2010

Téhéran à l’assaut de l’uranium africain

Fin octobre le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a effectué une tournée en Afrique de l’Ouest : Burkina Faso, Ghana, Togo et Bénin.
L’objectif non affiché au Bénin était de s’entretenir avec les autorités sur la possibilité de faire transiter, par le port de béninois, de l’uranium nigérien. Selon la Lettre du Continent « Téhéran aurait promis, en contrepartie, de soutenir financièrement et logistiquement, Thomas Boni Yayi pour la présidentielle de mars 2011 ».
Ces discussions ne sont pas du goût des Américains et Susan Tuller la chargée d’affaires de l’ambassade a été reçue le 4 novembre par la présidence pour évoqué « un précédent fâcheux pour les relations entre les deux pays si le Bénin se prêtait au jeu de Téhéran ».
Au Mali c’est le site d’uranium de Taoudenni, au nord-est du pays qui attise les convoitises de Téhéran.
Le gouvernement nigérien compte tirer parti des convoitises mondiales pour l’uranium, liées à la relance de l’énergie nucléaire. Ainsi, l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs, dont les parcs de centrales nucléaires sont appelés à connaître une croissance très rapide, aiguise la concurrence pour ce minerai.


En Guinée Bissau les Iraniens devraient former les soldats bissau-guinéens et installer une station relais de télécommunication dans le pays.
Mi-novembre c'est une cargaison d'armes en provenance d'Iran qui a été saisie dans le port de Lagos. Elle n'était pas destinée au Nigeria mais à un autre "Etat de l'Afrique occidentale", a déclaré ensuite le chef de la diplomatie iranienne.

Plus d'informations sur les activités de l'Iran en Afrique : ICI

vendredi 19 novembre 2010

L'Iran veut défendre les opprimés en Afrique



Deux articles lus cette semaine dans la Lettre de l'Océan Indien (LOI) et la Lettre du Continent ont montré l'intérêt croissant de l'Iran pour le continent africain et dans deux régions différentes : en Afrique de l'Ouest (prochain billet) et en Afrique de l'Est, plus particulièrement à Djibouti.

Le 8 novembre dernier, le président de l'Assemblée nationale djiboutienne, Idriss Arnaoud Ali (photo), était en visite en Iran. En effet le nouveau Parlement djiboutien est financé par l'Iran (10 millions de dollars). Lors de cette rencontre Ali Larijani, l'homolgue iranien d'Idriss Arnaoud Ali, a déclaré que la défense des opprimés spécialement en Afrique, était la stratégie de la République islamique d’Iran. Djibouti avait déjà demandé à Téhéran de jouer les médiateur dans son conflit frontalier contre l'Erythrée, finalisée assurée par le Qatar. On apprend également dans la LOI que : "Téhéran a déjà contourné des sanctions internationales en utilisant Djibouti comme fausse destination finale pour des achats de produits pétroliers au Moyen-Orient"....

mercredi 20 octobre 2010

La vraie taille de l'Afrique



Petit billet conseillé par Bénédicte Tratnjek du Blog Géographie de la ville en guerre.

L'artiste Kai Krause propose un collage de l'Afrique afin de montrer à quel point ce continent est vaste. Il existe bien des Afriques : le Pérou, l'Inde, la France, l'Allemagne, le Japon, la Suède, la Papouasie Nouvelle Guinée, l'Espagne, l'Italie, la Norvège, la Chine, les Etats-Unis, le Mexique, la Grèce, le Bangladesh, le Népal, le Royaume Uni ne suffisent pas à recouvrir toute la superficie du continent.

Consultez la carte ICI

vendredi 1 octobre 2010

Les lectures du week end

A lire sur la toile :
- "L’Afrique, un partenaire stratégique ?" par Amandine Gnanguênon, chargée d'études à l'Irsem
- "Mozambique: Balancing Development, Politics and Security" par Jeremy Astill-Brown and Markus Weimer (Chatham House)
- "Text Messaging as a Weapon in Nigeria" par Asch Harwood (Council on Foreign Relations)
- "Electoral violence in Nigeria" par John Campbell et Ralph Bunche
- " Viol de guerre : non à l’impunité" Entrevue de Fannie Lafontaine effectuée par Pascale Guéricolas

samedi 4 septembre 2010

L’Allemagne a-t-elle une politique africaine ?

Drôle de question de prime abord quand on sait que l’Allemagne est une ancienne puissance coloniale et une puissance engagée dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie, les missions de maintien de la paix au Soudan (Darfour et Sud Soudan), au Congo… Pourtant elle mérite d’être posée et il conviendrait même de se demander si l’Allemagne a déjà eu une politique africaine ?


Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).

dimanche 30 mai 2010

Ouverture du 25ème Sommet Afrique-France à Nice

Le 25ème Sommet Afrique-France doit se tenir du 31 mai au 1er juin à Nice dans un climat particulier puisque nous fêtons cette années le 60ème anniversaire des indépendances. Par ailleurs c’est aussi le tout premier après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française en mai 2007. Une importante évolution est prévue: le Sommet s’ouvrira aux forces vives françaises et africaines. Ainsi, 80 entrepreneurs français et 150 entrepreneurs africains, venant de toutes les régions du continent, seront conviés à participer aux travaux, de même que des organisations syndicales.


Les participants : 52 États africains, les représentants de l’Union européenne, de l’Organisation Internationale de la Francophonie, de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, de la Commission de l’Union africaine et de la Banque Mondiale.
Les absents :le Soudanais Omar el-Béchir, poursuivi par la CPI, et le Zimbabwéen Robert Mugabe, sous le coup de sanctions de l’Union européenne et le Malgache Andry Rajoelina, faute de consensus dans son pays.

Programme :
Le Président de la République française tiendra 3 réunions à huis clos avec l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur les enjeux politiques majeurs du 21ème siècle : la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale (lundi 31 mai après-midi) ; renforcer ensemble la paix et la sécurité (lundi 31 mai après-midi) ; le climat et le développement (mardi 1er juin matin).

Les ministres à compétence économique français et africains, ainsi que les représentants des entreprises et des syndicats travailleront, le lundi après-midi, sur 5 sujets économiques : l’environnement des affaires ; le financement des entreprises en Afrique ; la formation professionnelle ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ; les sources d’énergie de demain.
Un atelier de travail portant sur le rôle des migrants dans le développement des investissements privés en Afrique se tiendra également le mardi 1er juin dans la matinée.

Rappel historique : Initialement se sont les présidents nigérien Diori et sénégalais Senghor qui ont voulu créer une sorte de Commonwealth à la française (ce que devait être plus tard la Francophonie), ayant donc pour vocation à admettre des participants américains et asiatiques.
Mais de francophone, la conférence est ainsi devenue franco-africaine. Depuis 1981, ces réunions sont officiellement dénommées « conférence des chefs d’Etat de France et d’Afrique » ou « conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France ».
C’est au sommet de Ouagadougou en 1996 que pour la première fois la totalité des pays africains avait été invitée, à l’exception de la Libye, du Soudan et de la Somalie. A l’occasion du XXIIIème sommet (Bamako, 3 et 4 décembre 2005), une invitation a été lancée pour la première fois aux 53 pays africains. Le président de la Commission de l’Union Africaine, M. Alpha Oumar Konaré était aussi présent.
La participation a quintuplé 10 participants en 1973, 20 en 1978, 31 en 1981, 46 en 1996, 49 en 1998 à Paris, où 34 chefs d’Etat africains étaient présents, 52 en 2003 à Paris, avec 42 chefs d’Etat ou de gouvernement. 51 pays sur 54 à Bamako en décembre 2005, dont 24 par leur Chef d’Etat.

Source : MAE

vendredi 21 mai 2010

La reine mère et l’Afrique

Ce billet est publié en parallèle sur Good Morning Afrika et sur AGS.
Le regain d’intérêt du Royaume-Uni pour l’Afrique date de l’arrivée au pouvoir de Tony Blair qui écrivait en 2006 dans un article de presse : « le monde doit nous juger sur l’Afrique » (1).


Ce renouveau d’intérêt s’est notamment traduit par la création d’un ministère autonome, le Department for International Development (DFID) qui remplace l’Overseas Development Administration (ODA). Et le rôle de ce ministère fut particulièrement salué lors de la crise en Sierra Leone, pour le rôle de coordinateur qu’il a su jouer au sein d’un organisme interministériel.
Politiquement la concurrence avec la France est réelle, notamment concernant la question de la prééminence sur le pôle de règlement des crises de la CEDEAO, malgré une approche commune et partagée. Les zones britanniques sont naturellement les zones issues de la colonisation. Cependant, comme les autres puissances, elle cherche à se diversifier.
Économiquement, les compagnies britanniques sont présentes dans les anciennes colonies où leurs intérêts sont restés importants. Les ONG agissant pour le continent dans le domaine de l’humanitaire sont nombreuses (Global Witness, Oxfam, International Alert ...). Les Églises anglicanes, baptistes et protestantes ont un poids politique non négligeable. Le Commonwealth permet à la Grande-Bretagne de conserver un leadership sur son « héritage colonial ». Ainsi sur 54 États membres 19 sont africains.


La prépondérance de l’influence britannique n’est pas remise en cause en Sierra Leone où la Grande-Bretagne a fortement participé à la reconstruction de l’État après 2000, notamment sur le plan sécuritaire (avec la formation de 8000 policiers). Cet effort s’inscrit dans le temps avec la signature, en 2002, d’un Long Term Partnership Agreement. Par ailleurs la Grande-Bretagne souhaite s’appuyer sur le Nigeria, son ex-colonie pour étendre son leadership sur la région (CEDEAO en particulier). Les réserves pétrolières y sont exploitées par l’anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le britannique British Petroleum. Mais le Nigeria est également devenu une zone d’importance majeure pour les États-Unis et l’influence britannique tend à décliner à leur profit.
Le Kenya, ancienne colonie britannique, est une zone dans laquelle les britanniques ont une capacité à imposer leur vision. Il y demeure beaucoup de colons d’origine britannique, et le pays vit essentiellement du tourisme qui a cependant souffert des attentats terroristes de 1998 à Nairobi et 2002 à Dar es Salam. Dans le domaine militaire, une British Peace Support Team permanente a été installée pour soutenir l’école de maintien de la paix (Peace Support Training Center, PSTC). De plus, le Kenya sert à l’entraînement des troupes britanniques.
La Tanzanie est aussi une ancienne colonie britannique et fait partie du Commonwealth. Elle est la première bénéficiaire de l’aide au développement britannique en Afrique.
Nous ne pouvons pas passer tous les pays en revue mais nous pourrions nous pencher également sur les cas du Ghana, ou du Soudan, ancienne colonie britannique, où la Grande-Bretagne, a soutenu activement le processus de paix inter-soudanais par l’intermédiaire de la Troïka américano-britannico-norvégienne et a assuré en grande partie le financement du projet de référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, du Liberia où l’ONG Oxfam est très active, de l’Ouganda dans les premiers bénéficiaires de l’aide au développement , de l’Afrique du Sud où la Grande Bretagne entre en concurrence avec les États-Unis, la France et l’Allemagne et la Chine. Enfin, le Botswana, la Namibie, le Mozambique et la Zambie sont des pays dans lesquels la Grande-Bretagne est présente depuis longue date. Le cas du Zimbabwe est singulier. Cette ancienne colonie est en rupture de ban avec Londres pour avoir dépossédé de leurs terres les fermiers blancs lors d’une réforme agraire. Il a quitté le Commonwealth en 2003. Le Malawi reçoit à lui seul plus d’aide au développement que l’Afrique australe : 52 millions de livres en 2002-2003 contre 39,7 millions pour toute l’Afrique australe durant la même période.
Au niveau de la coopération, les britanniques s’appuient officiellement sur les principes de respect des Droits de l’homme et d’une bonne gouvernance dans la ligne des idées développées par le parti travailliste. Sous l’égide du DFID toute la politique africaine de la Grande-Bretagne a été revisitée. Mais le réalisme politique prime toujours. Ainsi les relations avec le Nigeria n’ont jamais été remises en questions malgré les massacres de populations au Nord et au Sud. De même avec l’Ouganda pour les questions de gouvernance ou avec le Kenya pour la corruption.
La coopération militaire semble, par certains côtés, assez similaire à celle mise en place par la France avec : des attachés militaires britanniques et des cadres britanniques formateurs dans les pays anglophones. L’un des points d’application de cette formation concerne la formation au maintien de la paix mais ces programmes (BPST, les BMATT, l’IMATT, le Defence Public Service Agreement (PSA)) sont très réduits comparés aux programmes français ou américains. La coopération concerne aussi l’accueil de stagiaires au Royaume-Uni, la participation à des opérations de l’ONU (MONUC et UNMO en RDC, UNAMSIL en Sierra Leone, UNMIL et UNMO au Liberia, enfin UNMEE en Éthiopie). Par ailleurs la Grande-Bretagne utilise les zones désertiques du nord Kenya pour entraîner ses troupes au combat en zone aride (comme la France à Djibouti.
Nous l’avons vu l’histoire de la colonisation anglaise et des relations difficiles avec la France a encore aujourd’hui des prolongements dans le partage des zones d’influence.
(1) Lire notamment Alex Vines et Tom Cargill, « « Le Monde doit nous juger sur l’Afrique ». L’héritage africain de Tony Blair », in Politique Africaine, n°101, avril 2006, p.132-147

samedi 8 mai 2010

La politique africaine de la Libye (2/2)

II.Des actions d’une grande diversité sans réelle cohérence

Marginalisé dans le monde arabe, M. Kadhafi s’est tourné vers l’Afrique, se déclarant africain avant tout. C'est sa façon de jouer un rôle à l’échelle du continent et de tenter d'exister sur la scène internationale. Cette stratégie s’est déployée de manière chaotique, mais la pénétration de l’Islam en Afrique est aujourd’hui incontestable.


a) L’échec de l’action militaire directe
L’intégration par la conquête militaire a été sans aucun doute le premier objectif de Kadhafi. En témoigne la conquête et l’occupation temporaire du Tchad au début des années 1980 qui a tourné au fiasco militaire pour les forces armées libyennes. Cette incursion a obéi à une analyse stratégique, Kadhafi voulait se protéger d’éventuelles incursions soudanaises en agrandissant son territoire au Sud dans la bande d’Aozou. Cet échec n’a pas fait renoncer le Président libyen à sa volonté de domination militaire, pas plus que le raid punitif américain qui a tué son fils et détruit sa résidence, mais il l’a fait plus prudemment : il est arrivé accompagné de plus de 3 000 soldats en 1997 au Tchad où il n’est pas resté plus d’une semaine, il a installé en 1997 et 1998, des bases militaires en Centrafrique et à Gbadolite au Nord de la République Démocratique du Congo pour soutenir la rébellion, positions qu’il a abandonnées après une nouvelle défaite militaire cuisante près de Gbadolite. La Libye n’avait pas vraiment les moyens de ses ambitions et à perdu, avec la chute de l’URSS, le principal soutien de ses actions en Afrique.
Elle a tenté de repositionner sa politique étrangère en utilisant la médiation plutôt que l’intervention militaire pour poursuivre sa politique d’influence sur le continent. Ainsi on peut penser que la Libye est passé d’une stratégie de puissance , à une stratégie d’influence assimilée au Soft Power qui « consiste à tenter d’abord d’obtenir par la persuasion séductrice les résultats que l’on pourrait aussi atteindre par la force. Il s’agit d’amener les autres à adhérer à des normes et des institutions qui incitent ou induisent au comportement désiré. Le Soft Power peut prendre appui sur la capacité d’établir l’ordre du jour de manière à façonner les préférences des autres » .

b) Un leadership politique qui peine à s’imposer
La politique internationale du Guide résulte d’une ambition personnelle et d’une volonté de domination sur l’Afrique. Le régime cherche, notamment dans le cadre de l’Union Africaine, à fédérer les États africains. D’ailleurs c’est en partie sous l’impulsion de la Libye que l’Organisation de l’Unité Africaine (1963), en perte de vitesse, a été remplacée en 2002 par l’Union Africaine. Aujourd’hui son projet d’Etats-Unis d’Afrique est soutenu par certains obligés de la Libye , mais refusé par de nombreux pays, menés par l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Après avoir refusé en 2004 la présidence de l’Union Africaine « parce qu’il pensait qu’il devait aider l’Afrique à réaliser son unité continentale indépendamment de toute position officielle », le « Frère Guide de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, Roi des rois africains » (tel qu’il a demandé à être appelé après son élection à Benghazi par les chefs traditionnels du continent les 28 et 29 août 2008) a accepté la présidence en 2009 et s’est réinvesti dans la gestion des conflits. Il a notamment défendu une position différente de celle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, en prônant la non-application de sanctions contre la junte putschiste du général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Malgré tout, les deux vecteurs de l’interventionnisme sont plutôt d’ordre économique et idéologique.

c) Les pétrodollars : soutien au prosélytisme religieux
Le discours sur le panarabisme étant moins porteur Kadhafi a réactivé la composante religieuse de sa rhétorique. Il paraît vouloir étendre son influence sur les États les plus fragiles pour ensuite les dominer de manière plus progressive et lente. Ainsi l’influence libyenne se développe vers trois ensembles géographiques : d’abord vers les pays du Sud. Naturellement le Tchad, pays proche, puis la République Démocratique du Congo, via la Centrafrique et même des ramifications en Afrique du Sud. La Libye aimerait un plus grand rapprochement avec le Niger et le Tchad car elle y a une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Elle finance aussi des projets au Cameroun, au Gabon et au Nigeria. Ensuite vers l’Afrique de l’Ouest : la Sierra Leone et le Liberia , via le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Afin de favoriser l’expansion musulmane elle essaie de créer une emprise islamique dans cet axe. La Mauritanie et le Sénégal restent assez méfiants face aux velléités d’expansion libyennes. Enfin, vers l’Afrique de (notamment en Somalie) malgré une concurrence avec l’Égypte et des réticences de certains pays comme le Soudan.
Il convient de rappeler que la situation économique libyenne est liée naturellement aux ressources, mais aussi aux choix politique du régime. Le pétrole est à la fois la richesse et l’arme de la Libye. La production se situe entre 1,3 à 1,7 million de barils/jour (11ème rang mondial) qu'elle ambitionne de porter à 3 millions b/j à l'horizon 2010. Les réserves estimées à environ 43 milliards de barils. Ce pétrole représente 95% des exportations et un tiers du PNB. Outre l’achat d’armes, la manne pétrolière autorise de grands travaux lancés au nom de la diversification de l’économie. Le pays possède des réserves de gaz de 1.500 milliards de m3 pour une production de 2.600 millions de pieds cubes par jour.
Le pays n’a que des échanges économiques limités en termes de volume et de finances avec l’Afrique. Ce mobile ne joue donc qu’un rôle secondaire, voir mineur, dans la politique d’influence libyenne. En outre, le développement économique du pays est freiné par l’étroitesse économique et le manque de main d’œuvre. L’appel à l’immigration est donc indispensable. On compterait près de 50% de main d’œuvre étrangère venant d’Afrique, du Maghreb et d’Asie. Cet afflux de main d’œuvre est un moyen de pression considérable sur les pays d’origine économiquement dépendants des devises de leurs immigrés et menaces de déstabilisation politique en cas de retour massif de ces populations. La Libye oscille entre répression et tolérance à l’égard de cette population. En effet, un rapport de l’ONG Human Rights Watch du 12 septembre 2006 intitulé « Endiguer la marée : exactions à l’encontre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés » dénonce les traitements infligés aux ressortissants subsahariens par les autorités libyennes. Pour justifier la répression les Libyens reprochent aux étrangers d’être responsables de la progression de la criminalité et de la propagation de certaines maladies (notamment le Sida).
Kadhafi utilise donc ses moyens financiers pour aider à l’islamisation du continent notamment par le canal d’une organisation la Daawa Islamiyya (la Pastorale islamique) qui fait du prosélytisme religieux en distribuant des denrées alimentaires, des médicaments….dans les pays pauvres du Sahel mais aussi en construisant dans chaque capitale des mosquées et des instituts de formation d’imams locaux. Les méthodes sont d’une grande diversité : des dons ou prêts financiers aux régimes amis qui deviennent des obligés du Guide aux ONG soutenues par la Libye qui disposent de fonds très substantiels pour attribuer des aides réservées aux musulmans africains.

Kadhafi n’a pas de politique panafricaine car il n’a pas de stratégie pour le continent. Ses objectifs sont assez flous et difficiles à cerner. Il n’a pas renoncé à jouer un rôle primordial en Afrique, mais a dû abandonner son soutien officiel au terrorisme. Seul constante : son désir de vouloir nuire aux intérêts occidentaux.
Depuis la disparition du président gabonais Omar Bongo, le colonel Kadhafi n’est pas le plus âgé mais le plus ancien chef d’Etat africain. Alors qu’il fête cette année le 40ème anniversaire de la « révolution » libyenne, on est en mesure de s’interroger encore et toujours sur les bienfaits de son influence sur le reste du continent car plutôt qu’un « Guide » c’est d’un véritable leader, sur le plan démocratique, dont a besoin le continent.

jeudi 6 mai 2010

La politique africaine de la Libye (1/2)

Je complète sur ce blog le billet publié en parallèle sur AGS :

La Libye est le quatrième plus grand Etat d’Afrique en superficie (1 757 000 km²) mais 14 fois moins peuplée que l’Egypte, riche d’un pétrole (40% des réserves africaines, 2ème exportateur du continent) qui lui permet toujours de peser politiquement. Elle bénéficie d’une situation privilégiée sur la façade méditerranéenne mais ne néglige pas le poids de sa partie continentale. En effet, le désert s’étend sur la quasi-totalité du territoire et la circulation de nomades dans cet espace n’est pas sans répercussion sur les intentions géopolitiques du pays. Carrefour entre le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, auxquels on ajoute parfois la Mauritanie et le Soudan) et le Moyen Orient, la Libye est faite d’une profonde dualité culturelle : arabité et africanité. Dans un ouvrage publié en 1986 M. Kadhafi déclarait : « Les pays africains et les pays arabes connaissent une situation analogue, sinon identique, d’autant que plus de la moitié des peuples arabes vit en Afrique ? » Ainsi l’idéal de l’unité africaine se trouvait dès l’origine en filigrane de la politique africaine de la Libye.

Ce billet propose de répondre à une interrogation principale : le colonel Kadhafi a-t-il une politique panafricaine ? Il convient pour y répondre de comprendre comment se manifeste la politique d’influence de la Libye en Afrique, vers quels pays est-elle dirigée, quels sont les vecteurs de cette influence ? Nous nous proposons d’analyser la portée idéologique de cette politique puis les vecteurs de l’influence libyenne sur le continent noir.


I.Une politique éminemment idéologique

a)Une vision unioniste et tribale


La politique d’influence libyenne est conçue et dirigée par le Colonel Kadhafi. La République arabe libyenne a pour principes fondamentaux : la liberté, l’union, la justice sociale et fait référence à l’Islam et à l’arabisme. L’idéologie kadhafiste se fonde aussi sur une volonté unioniste contre ce qu’il considère comme l’ennemi sioniste et contre l’Occident accusé d’avoir divisé le monde arabe. En 1974 il déclare : « la lutte contre Israël est éternelle » et en 1978 : « Nous sommes des unionistes depuis 1959, date de la constitution du mouvement des officiers unionistes libres. L’unité arabe est un destin, un objectif et en même temps une nécessité impérieuse. Nous avons peiné pour l’unité arabe et nous avons payé le prix depuis que nous étions étudiants en 1961, lorsque nous vivions sous les menaces de la persécution. L’unité est notre manière d’entrer en politique et elle en est la justification ». Dans les années 1969-1975 la Libye soutient de nombreux mouvements de libération dans le monde et tout particulièrement dans son voisinage africain : le Frolinat au Tchad, les Erythréens, les colonies portugaises, l’ANC en Afrique du Sud. Cet activisme pousse plusieurs pays d’Afrique à rompre leurs liens avec Israël. L’unionisme est une composante fondamentale de la politique de Kadhafi et un axe essentiel de son action politique.
En 1977, M. Kadhafi annonce la Jamahiriya (assemblée triviale) et publie le Livre Vert qui se veut une « troisième théorie universelle », différente du capitalisme et du marxisme, se fondant sur la société tribale bédouine, l’arabisme selon sa version nassérienne et la religion musulmane. H. Bleuchot considère que la tribu a joué un rôle fondamentale dans l’élaboration du Livre Vert : « la conception de Kadhafi (..) est celle-ci : le lien sociale véritable et naturel est celui du sang. L’individu est lié aux autres d’abord et avant tout à sa famille. La tribu est à son tour une famille élargie et la nation un groupe de tribus. Voilà la société naturelle. On a reconnu la société bédouine traditionnelle » .
Kadhafi s’est voulu l’héritier de Nasser et a voulu porter l’arabisme après la disparition de celui-ci en 1970. En effet, dans les années 1960 et 1970 on observe un grand rayonnement de la pensée nassérienne. Pourtant le moteur de la vision unioniste de Kadhafi diffère de celui de Nasser pour qui le projet d’unité était beaucoup moins utopique et correspondait davantage à des motifs stratégiques d’incarnation du leadership arabe . Djaziri paraphrase Sivan en considérant que le projet unitaire kadhafien comme un mythe politique arabe comme l’est l’islamisme . Les tentatives d’union qu’il proposera avec la Tunisie, le Maroc, l’Egypte et d’autres pays ne sont pourtant pas des succès (Soudan-Egypte en 69 , Egypte-Syrie en 71, Egypte en 72, Tunisie en 1974, Syrie en 1980, Tchad en 1981, Maroc en 1984, Soudan en 90). Citons également une tentative d’union régionale : la MENA (Middle East and North Africa). Elle obéit sur le plan régional à une logique d’emboitement de centres (capables d’exercer une influence politique, économique, démographique ou religieuse au niveau régional comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Iran, la Turquie et Israël) et de périphéries (inégalement intégrées au système mondial dont fait partie la Libye). En effet, les économies de la MENA restent dans l’ensemble marginalisées, périphériques et peu compétitives. Ainsi, le PIB de la Ligue arabe avec 870 milliards de dollars en 2005 est inférieur à celui de l’Espagne . Aucune puissance régionale ne parvient à fédérer la région. Plusieurs logiques partagent ces pays : l’unité arabe avec la création en 1945 de la Ligue arabe encore fragile ; l’OPAEP (Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole) qui s’est effondrée dans les années 1980 ; l’Union du Maghreb arabe créée en 1989 mais paralysée par les tensions régionales (Sahara Occidentale) ; le Gafta ou Great Arab Free Trade Area qui réunit 17 membres de la Ligue arabe sur 22 et entré en vigueur en 2005 mais qui pâtit de la faiblesse des échanges dans la zone ; l’Organisation de la Conférence islamique elle aussi ralentit par les rivalités interétatiques.

Actuellement le mouvement panarabe est fortement battu en brèche par la montée récente de l’islamisme. L’arabisme, l’idéologie officielle des pouvoirs en place, a perdu de son potentiel révolutionnaire.


b)La promotion d’un islam réformiste


Kadhafi est partisan d’un islam réformiste et surveille la menace représentée par les mouvements islamistes notamment celui des Frères musulmans. La Libye fait néanmoins partie de l’Organisation de la conférence islamique. Ses thèses socialistes trouvent, selon lui, leurs fondements dans le Coran. Cet islam socialiste est théorisé dans le livre vert. Ces oppositions tendent à isoler la Libye des Etats défenseurs d’un islam orthodoxe notamment l’Arabie Saoudite, qui est allée jusqu'à financer les projets américains de déstabilisation du régime. Le guide joue des affrontements entre chiites et sunnites en critiquant le régime saoudien qui « vise les chiites et complote contre le Hezbollah, la fierté de l’islam, des Arabes et de la résistance contre Israël ». Le 31 mars 2007 le Guide a même appelé dans un discours prononcé au Niger en présence des chefs de tribus Touareg, à l’établissement d’un second Etat fatimide chiite en Afrique du Nord, sur le modèle de l’Empire fatimide (10ème- 13ème siècle) qui regroupait l’Afrique du Nord, l’Egypte et une partie du Croissant fertile. Cependant les Saoudiens se sont réconcilier au Sommet de Doha (1er avril 2009) avec les Libyens mais une lutte d’influence se ressent toujours entre la Libye, l’Arabie Saoudite et même l’Iran.

c)Une constante : l’hostilité à l’égard de l’Occident


Le « Guide » libyen n'hésite pas à user et abuser d'une rhétorique populiste anti-blanc ou anti-occidentale et se faire passer ainsi pour le champion de la lutte contre le néocolonialisme. En cela, il trouve des opportunités lorsqu'un pays africain a des différents avec son ancienne métropole (Côte d'Ivoire ou Zimbabwe par exemple).
Son interventionnisme sur les différentes scènes internationales a toujours traduit une volonté de réduire l’influence occidentale et de faire progresser ses objectifs unitaires. Les positions propalestinnienne du leader libyen l’ont très vite opposé aux Etats-Unis et à Israël. A la suite d’un processus de reconnaissance et de recherche d’acceptabilité internationale, l’ONU et l’Union européenne ont levé leurs sanctions en septembre 2003, et le 15 mai 2006 les Etats-Unis ont retiré la Libye de leur liste des états terroristes. Mais il faut attendre juillet 2007 et la résolution de l’affaire des infirmières bulgares et fin 2008 l’indemnisation des victimes des attentats aériens pour que le Guide trouve un semblant de respectabilité.

lundi 3 mai 2010

Theme AGS mois de mai : les influences étrangères en Afrique

À l'occasion du cinquantenaire des indépendances africaines, Alliance Géostratégique s’intéresse à ce continent et tout particulièrement aux influences étrangères en Afrique noire. En effet, si les Français semblent s’y désintéresser nombreux sont les acteurs à investir le continent.

Ainsi la France n’a cessé de faire évoluer sa doctrine officielle : de « l'indépendance dans l'interdépendance » (E. Faure) à « accompagner sans dicter » (D. de Villepin) en passant par « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin). Les États-Unis ont réorienté leur politique étrangère vers de nouvelles préoccupations géopolitiques et géostratégiques : le terrorisme islamiste, la sécurité énergétique et l’influence grandissante de la Chine.

Les anciennes puissances coloniales sont encore très présentes. L’héritage colonial les conditionne à être présentes sur cette zone. Après la décolonisation, elles ont cherché à y conserver une certaine influence, et la présence de nombreux ressortissants nationaux ainsi que les autres liens créés au cours de la période coloniale (langue et culture, enseignement...) servent de relais à cette politique.

Des acteurs moins traditionnels ont développé leurs relations avec le continent : la Chine dont la politique africaine qualifiée d’opportuniste est souvent critiquée mais aussi l’Inde, le Brésil, la Russie, Israël, l’Iran…


La question du rôle et de l’influence des pays extérieurs est donc légitime et elle n’a jamais été posée avec autant d’acuité qu’à l’heure actuelle.


Cette influence pourrait se définir comme la capacité d’une entité à orienter le comportement des autres entités en les amenant à s’impliquer dans son action ou à s’identifier à son point de vue. Elle pourrait être assimilée au soft power de Joseph Nye qui « consiste à tenter d'abord d'obtenir par la persuasion séductrice les résultats que l'on pourrait aussi atteindre par la force. Il s'agit d'amener les autres à adhérer à des normes et des institutions qui incitent ou induisent au comportement désiré. Le Soft Power peut prendre appui sur la capacité d'établir l'ordre du jour de manière à façonner les préférences des autres. »

On pourra aussi distinguer des zones d’influence où certains États disposent d’une prépondérance et /ou d’une exclusivité par rapport aux autres.


On rappellera qu’une vision globale est particulièrement difficile à appréhender en ce qui concerne le sous-continent africain. Certains ont tenté de démontrer que l'Afrique est un ensemble homogène. Aussi nombreux sont ceux qui ont eu une vision d'une Afrique qui pourrait être appréhendée et gérée d’un seul bloc. Mais en réalité, l'Afrique est un continent hétérogène qu’il faut penser dans sa diversité et donc y appliquer non pas une politique, mais des politiques africaines. Les stratégies d’influence se prêtent particulièrement bien à cet exercice.


Pourquoi ces acteurs s’intéressent-ils au continent ? Parmi les pays d'Afrique noire, deux tiers font partie des pays les plus pauvres de la planète. Malgré cela, l’Afrique est une zone riche qui recèle des potentialités à la fois économiques et humaines. Elle est une région en pleine évolution : intérêts économiques en tête (production / extraction de ressources naturelles et de matières premières, implantation d’entreprises, nouveaux marchés à conquérir...), intérêts stratégiques et prosélytisme religieux (Libye, pays du Golfe).

Comment évaluer la place des acteurs extérieurs sur le continent africain ? Quelles sont les modalités de l’influence des principales puissances y agissant ? Quelles sont les rapports entre les différents acteurs ? Et surtout, comment ces politiques d’influence sont reçues par les gouvernements sur place et par les populations car ne l’oublions pas ils savent faire jouer la concurrence et se jouent plus qu’on ne l’imagine de la profusion des acteurs extérieurs.

À vos claviers ! Envoyez vos contributions à alliancegeostrategique@gmail.com .