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jeudi 25 juin 2020

Les dernières nouvelles du continent (13)


Chine et Etats-Unis en Afrique
« China’s government is offering more university scholarships to African students than the leading western governments combined, in a sign of Beijing’s use of “soft power” alongside economic investment." A lire ICI
On pensait que les Etats-Unis diminuaient leur presence militaire en Afrique. Selon Nick Turse c’est faux. ICI
Corne de l’Afrique
Le Prix Stephen Ellis 2020 a été attribué à Fred Nyongesa Ikanda pour son article « Somali Refugees in Kenya and Social Resilience: Resettlement Imaginings and the Longing for Minnesota ». Il est en accès libre ici.
L'Ethiopie traverse une crise constitutionnelle depuis la décision de reporter les élections du fait de la crise sanitaire. Le pays s'oppose toujours à l'Egypte sur la construction de son barrage mais cette escalade n'est elle que fumée ? On apprend qu'au rythme actuel le réservoir se remplira aux conditions égyptiennes (officiellement 10 mais réellement 12 ans en tenant compte de l`évaporation).

Une infographie très utile pour suivre l’évolution de la pandémie en Ethiopie : https://ethiocovid19.info/
Un nouveau rapport sur les rivalités en mer Rouge : ICI et un article sur le Bab El Mandeb ICI
Africa4 publie deux interviews de chercheurs sur l'Afrique de l'Est : Pierre Guidi pour son livre Éduquer la nation en Éthiopie.École, État et identités dans le Wolaita (1941-1991) et Clément Boutin sur l'histoiredes radios et de la guerre froide en Afrique de l'Est.

A lire : cet article de Mohammed Ibrahim Shire “How Do Leadership Decapitation and Targeting Error Affect Suicide Bombings? The Case of Al-Shabaab” ICI

Un thread à lire. Il présente le livre de Kathleen Klaus “Political Violence in Kenya: Land, Elections, and Claim-Making »
Sahel
Adib Bencherif publie avec Aurélie Campana et Daniel Stockemer "Lethal Violence in Civil War: Trends and Micro-Dynamics of Violence in the Northern Mali Conflict (2012-2015)" dans la revue Studies in Conflict & Terrorism. ICI  

A lire également sur les fragilités de l'Etat malien : "State Fragility in Mali. TheSoumaïla Cissé kidnapping in perspective"
COVID-19
PoSoc19, le nouveau réseau de chercheurs francophones en sciences sociales et politiques qui ambitionne, via une analyse comparative à travers le monde, de comprendre les effets de la crise COVID19 sur chaque système politique & chaque système juridique
Une initiative à suivre pour mesurer l’impact socio-économique de la COVID19 sur les pays à faible revenus ou intermédiaires : ICI
Appels à communications /Conférences
CALL FOR PAPERS: Islamist Rebel Governance Workshop (online):  linking empirical research on Islamist rebel groups with debates in the rebel governance literature.


Appel à contribution pour un numéro spécial sur le thème : « les organisations africaines face à la covid-19 »
Création d’une nouvelle revue biannuelle en accès ouvert : Sources. Matériaux & Terrains en études africaines, portée par les UMIFRE d’ Afrique sub-saharienne et le Laboratoire LAM. Son 1er dossier est un Varia. AAC permanent ouvert
Call for papers! Special Issue on Covid-19, Peace and Security in Africa, edited by the great Cyril Obi &  Kabandula
Du fait de la crise sanitaire, la Masterclass que je co-organise avec Ioannis Panoussis et Valentina Volpe est décalée de septembre à janvier 2021. Elle portera sur les approches extraoccidentales de la paix. A voir ICI
Relations internationales
Le SIPRI propose une nouvelle carte avec toutes les opérations multilatérales en cours en mai 2020. 

Nic Cheeseman publie avec The Oxford Encyclopedia of African Politics. Les articles ci-dessous sont en accès libre sur le site :
Vous pouvez accéder à la totalité du livre "African Economic Development: Evidence, Theory, Policy".
Le Journal of Peace research publie un article à partir des données du célèbre Uppsala Conflict Data Program sur l’évolution de la violence organisée dans le monde de 1989 à 2019 : « The defeat of Islamic State (IS) in Syria and Iraq has pushed the number of fatalities, almost 75,600, to its lowest level since the outbreak of the Syrian civil war in 2011. However, this de-escalation in Syria is countered by increased violence in Africa, as IS and other transnational jihadist groups have relocated their efforts there. Furthermore, violence has continued to increase in Afghanistan; UCDP recorded more than 31,200 fatalities in Afghanistan in 2019, which accounts for 40% of all fatalities from organized violence across the globe. The general decline in fatalities from organized violence does not correspond with the trend in the number of active conflicts, which remained on a historically high level. UCDP recorded 54 state-based conflicts in 2019, including seven wars. Twenty-eight state-based conflicts involved IS (Islamic State), al-Qaida or their affiliates. In the past decade, conflicts involving these transnational jihadist groups have driven many of the trends in organized violence”.
Un thread à suivre sur les sanctions internationales et leur efficacité : ICI 


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dimanche 23 octobre 2016

Lectures d'intérêt

Le SIPRI vient de publier une carte des Opérations de Paix dans le monde en 2016.

 
« The geographical spillover of armed conflict in Sub -Saharan Africa », Economic System, 40:1, 2016, p. 109-119.
Résumé : La diffusion transfrontalière des conflits serait-elle plus élevée en Afrique subsaharienne qu’ailleurs ? Pour répondre à cette question Fabrizio Carmignani et Parvinder Kler étudient l’évolution des guerres civiles en comparant l’Afrique subsaharienne avec le reste du monde. Il démontre qu’un Etat voisin en guerre augmente la probabilité d’une guerre civile d’au moins 1%. L’effet de difusion dans le reste du monde est trois fois moins élevé qu’en Afrique subsaharienne. L’article avance l’hypothèse d’un lien entre les flux de réfugiés entrants, la séparation artificielle des groupes ethniques et la diffusion des conflits.

Colin Robinson, « Revisiting the rise and fall of the Somali Armed Forces, 1960–2012 », Defense & Security Analysis, 32:3, 2016, pp.237-252.
Résumé : Une partie des études sur la guerre en Somalie aborde l’histoire des forces armées nationales et plus spécifiquement son armée. Deux problématiques reviennent depuis l’indépendance du pays. D’une part, la poursuite d’une politique irrédentiste qui conduit à la chute du régime de Siad Barre et aux divisions claniques dans le pays ; d’autre part, la renaissance de l’armée somalienne au 21ème siècle. Cet article s’inscrit dans cette seconde démarche et analyse la renaissance incertaine de l’armée somalienne depuis 2008. L’aide internationale s’est concentrée sur Mogadiscio, mais les succès pour reconstruire une véritable armée nationale sont relatifs. Les perspectives d’avenir sont incertaines mais l’auteur souligne tout de même quelques signes d’espoir.

Josie Knowles, "Tanzanian scepticism of a militarised East African Federation and underlying military concerns", African Security Review, 25 : 3, 2016, pp.258-274.
Résumé : "Attitudes towards a regional military force are of paramount importance when exploring public support for regional integration. Until now, however, scholarly research has not considered the influence of attitudes towards a regional military mechanism in the sub-Saharan African context. Using Afrobarometer data, we demonstrate that military concerns are vital when exploring Tanzanian attitudes towards the proposed political federation of the East African Community (EAC), the East African Federation (EAF). More specifically, opposition to military cooperation strongly influences Tanzanian scepticism of the EAF. This finding is highly relevant given that referendums in the participating member states must be passed to facilitate political integration. Heightened opposition towards military cooperation raises the possibility of the public rejecting a politically integrated EAC. This poses a potential obstacle to the implementation of joint security policies and crucial mechanisms to provide a more stable region at large. We account for alternative explanations of Tanzanian opinion formation and reflect on the strength of military-orientated concerns for investigating public support for the East African project specifically and regional integration in sub-Saharan Africa more widely".


mardi 18 octobre 2016

Des armées africaines de plus en plus engagées sur le continent

En Somalie, au Mali, au Soudan ou encore en Centrafrique, les troupes africaines sont engagées dans des opérations de maintien de la paix. Cette situation est encouragée par les partenaires extérieurs. En effet, depuis le début des années 2000, l’africanisation de la sécurité sur le continent africain est devenue une priorité. Elle passe par un soutien à la construction de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA).
Les chercheurs se sont aussi intéressés à ce phénomène. Néanmoins, la littérature qui porte sur les problématiques de maintien de la paix en Afrique, se penche principalement sur les pratiques internationales de soutien à l’APSA. Les recherches s’attardent essentiellement sur l’analyse des intérêts que les partenaires extérieurs (USA, UE, France, Chine, etc) ont de soutenir l’APSA et les moyens qu’ils mettent en œuvre. Or il est essentiel de se pencher également sur les raisons qui poussent les États africains à s’engager dans des missions de paix qui se distinguent de moins en moins de la guerre par leurs objectifs et leur mise en œuvre.

« L’épicentre du maintien de la paix »
À l’été 2016, 22 missions de paix internationales ou régionales sont déployées en Afrique. 99 395 personnels civils et en uniforme de l’ONU sont ainsi engagées dans des pays africains et 42,8 % de ces Casques bleus étaient envoyés par les pays africains. L’Union africaine mène également des opérations qui engagent près de 36 550 personnels du continent. Ces données font bien du continent africain un « épicentre du maintien de la paix ».
Premier constat qui s’impose, les principaux contributeurs de troupes se situent en Afrique de l’Est : Éthiopie, Ouganda, Burundi et Rwanda.
Participation des troupes africaines aux missions de l’ONU et de l’UA. DR, Author provided
Deuxième constat, la participation des troupes africaines aux opérations de paix est en augmentation. Un petit pays comme le Rwanda a une participation croissante depuis 2008, avec une forte implication au Soudan. En août 2016, l’Éthiopie se trouve être le premier contributeur de l’ONU, avec 8 326 personnels engagés, auxquels il convient d’ajouter les 4 400 personnels intégrés à la mission de l’Union africaine en Somalie (soit plus de 12 000 personnels déployés).
Le Burkina Faso, le Sénégal et le Tchad connaissent également de fortes hausses avec leur participation à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). En revanche, les puissances continentales comme le Nigéria ou l’Afrique du Sud ont diminué leur contribution, souvent pour des raisons d’instabilité interne.

Une quête d’autorité

Les opérations de paix sont un moyen de cultiver une image de « fournisseur de sécurité » et d’être reconnu comme tel par les puissances internationales et le système des Nations unies. En fournissant des troupes au sein des opérations de paix les États africains accèdent aux organes de commandement et de décision de ces organisations et accroissent, ainsi, leur influence en leur sein.
Ainsi, lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, le 28 juin 2016, les États membres ont élu l’Éthiopie pour siéger au Conseil de sécurité de l’ONU pour une période de deux ans, à partir du 1er juin 2017. De même, le Rwanda ou encore le Tchad sont reconnus pour leur maîtrise des rouages des systèmes onusiens ou africains grâce à leur engagement militaire.
La participation croissance aux opérations de paix s’inscrit également dans des contextes politiques particuliers de renforcement de l’autoritarisme. On constate ainsi que les quatre premiers contributeurs de troupes sont des régimes autoritaires dont les armées sont qualifiées d’« armées post-libération ». En Éthiopie, au Rwanda et en Ouganda, les armées sont en effet issues de mouvements de libération nationale. Leurs structures militaires restent dominées par des vétérans de la guerre de libération issus du Front patriotique pour le Rwanda, du Mouvement de résistance nationale en Ouganda ou par des vétérans tigréens en Éthiopie.
Jonathan Fisher qualifie ces officiers issus de mouvements de libération nationale et ayant trouvé une nouvelle fonction dans leurs armées nationales respective, de « sécurocrates post-libération ». Ce chercheur britannique mène des études pour comprendre comment et pourquoi les OMP (Opérations de maintien de la paix) sont un bon moyen de les maintenir éloignés des politiques de sécurité nationale.

Une quête de légitimité

Dans le même temps, la participation à ces missions permet à ces pays de faire diminuer la pression de démocratisation de la part des États occidentaux et des institutions internationales. Ces opérations offrent aux États un moyen de recouvrer leur souveraineté et de poursuivre leur propre agenda. Elles sont également un moyen de légitimer leur pouvoir politique et de se rendre indispensable aux regards des acteurs extra-africains.
Atelier de formation pour les troupes de l’Amisom, la force déployée en Somalie. Amisom/Flickr
Cette forte implication militaire, à travers la participation aux opérations de maintien de la paix permet aux dirigeants d’accroître leur emprise sur la vie politique et économique de leur pays sans craindre de contestations de leurs partenaires internationaux. Le discours sur la sécurité, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, a supplanté celui sur la démocratie des années 1990, et devient une rente économique supplémentaire.
Au Tchad, le « métier des armes » a acquis, au gré d’une série de conflits internes, un poids historique, social et économique qui ne favorise pas la stabilité du pays. Son intervention au Mali a façonné son image de puissance militaire régionale et ses atouts tactiques en milieu sahélien, elle a contribué à valoriser l’identité militaire du pays et à « occuper les troupes » en dehors du territoire.

La professionnalisation des forces armées

Si la littérature s’est longtemps concentrée sur le rôle négatif joué par les armées africaines dans les crises sécuritaires, en soulignant les clivages, le népotisme, la corruption, son rôle politique notamment dans les coups d’État, les répressions étatiques et les guerres civiles, rares sont les travaux qui cherchent à comprendre la manière dont les États organisent leurs moyens militaires pour faire la guerre. La professionnalisation des armées est le défi principal que doivent relever les États contributeurs de troupes dans les opérations de paix.
Le déploiement de contingents dans le cadre d’opérations de paix permet d’acquérir un savoir-faire délivré par les partenaires extérieurs comme les États-Unis au travers de l’Africa Contingency Operations Training & Assistance (ACOTA). Ce programme offre des entraînements opérationnels avant projection. Il en va de même pour les détachements d’instruction opérationnelle (DIO) et technique (DIT) des Éléments français au Sénégal (EFS).
Les déploiements dans les opérations de paix nécessitent également un appui logistique et des équipements répondant aux normes onusiennes. Le coût de ces matériels, par exemple, est pris en charge par les Nations unies via un mécanisme de compensation qui permet ainsi aux armées de renouveler leur matériel. Une partie de l’équipement peut aussi être cédée par des partenaires. Ainsi, l’équipement burundais en Somalie a été donné par les États-Unis avec charge de l’entretien aux Burundais. Les OMP peuvent donc permettre de renouveler le parc terrestre et acquérir ainsi des matériels neufs.
La participation aux opérations de paix participe donc de la professionnalisation des armées et, dans certains cas, soutient la résolution des conflits civils dans le pays contributeur de troupes. Elle peut induire un effet d’entraînement pour la réforme du secteur de la sécurité offert par une perspective d’engagement opérationnel d’unité.

Acheter la paix sociale dans les armées

Tant au Rwanda qu’au Burundi des enseignements peuvent être tirés sur la façon dont une armée « mono-ethnique » est parvenue, ou essaie, de transformer sa base sociale. La participation aux opérations extérieures a favorisé ces transformations internes.
un soldat de la force multinationale à Kismayo (Somalie) en 2012. Amisom/Flickr
Ainsi, le déploiement de contingents à l’extérieur du territoire a permis à l’armée burundaise d’intégrer dans la nouvelle armée les miliciens des groupes armés majoritairement Hutu et les soldats de l’ancien régime, les ex-Forces Armées Burundaises (FAB) majoritairement tutsi. Cette intégration a longtemps été considérée comme une réussite de l’accord de paix d’Arusha (Tanzanie), signé en 2000, alors qu’elle était entre 1966 et 1993 le principal centre de pouvoir. La crise électorale a mis en lumière ces divisions et l’armée burundaise est au cœur de la crise politique.
La participation aux opérations de paix permet également aux régimes politiques d’acheter la paix sociale au sein des armées. Néanmoins, la sociabilisation des troupes avec celles des autres contingents trouve aussi ses limites. En effet, pour Maggie Dwyer il existerait, depuis le début des années 1990, en Afrique de l’Ouest, une douzaine de cas de mutineries liés à la participation de troupes africaines à des opérations de maintien de la paix.
Ces mutineries trouvent leurs racines dans des mécontentements liés au manque d’équipements et de formation, aux procédures régissant les déploiements et au sentiment d’injustice dans la répartition des paies en comparaison avec le traitement de soldats d’autres nationalités. Elles apparaissent alors que de plus en plus d’États africains envoient des troupes dans les opérations de l’ONU ou de l’UA.
Un nombre croissant d’armées africaines deviennent des contributeurs significatifs aux missions de paix des Nations Unies ou d’autres organisations. De fait, elles sont devenues des acteurs internationaux essentiels dans la résolution des conflits. Un nouveau champ de recherche s’ouvre pour comprendre comment les politiques publiques nationales sont affectées par cette évolution sécuritaire. Il s’agit de mettre à jour les processus singuliers de réappropriation ou de contournement et comprendre comment les doctrines et les politiques de défense s’adaptent aux conflits qu’entendent réguler les opérations de paix. En somme, nous devons comprendre la manière dont les États organisent leurs moyens militaires pour faire la paix et la guerre.

Cette article a été publié sur le site The Conversation et LeMonde