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mardi 19 mai 2015

Recension : Le Ben Laden du Sahara. Sur les traces du jihadiste Mokhtar Belmokhtar

L’ouvrage« Le Ben Laden du Sahara » ne se présente pas comme étant la biographie du chef jihadiste, Mokhtar Belmokhtar, mais plutôt sous la forme d’une chronique partant sur les traces de celui qu’on surnomme « l’insaisissable ». L’auteur, mauritanien, est correspondant et collaborateur de plusieurs médias européens. Il a séjourné dans le Nord du Mali en 2012. A la fin de l’ouvrage, il présente le récit de faits qui ont été repris dans le film Timbuktu : l’instauration de la Charia à Timbuktu, et notamment la condamnation de Moussa Ag Mohamed, un éleveur touareg coupable de l’assassinat d’un pêcheur noir, après un incident provoqué par ses vaches. L’auteur, Lemine Ould M. Salem, a été mis en relation avec le porte-parole de Belmoktar au moment où il apportait son aide à la préparation du documentaire du cinéaste Abderrahmane Sissako qui par la suite est devenu un long métrage.

L’ouvrage s’ouvre sur le procès de l’exécution, le 24 décembre 2007, de trois membres de la famille Tollet et d’un ami de la famille, que l’auteur qualifie de « premier attentat jihadiste antifrançais commis dans le Sahel ». Cet assassinat entraînera la délocalisation du rallye Paris-Dakar, et son onde de choc résonne encore aujourd’hui. Le récit concernant le « Borgne » croise l’histoire contemporaine de la zone sahélo-saharienne. Lemine Ould M.Salem relate en effet le parcours de ce jihadiste et, parallèlement, l’émergence du jihadisme dans la région. En suivant la route de Mokhtar Belmokhtar, ce sont  les différents acteurs de la crise actuelle que nous rencontrons. L’auteur revient tout d’abord sur les influences exercées sur le jihadiste et tente de retracer son itinéraire, en commençant par l’Afghanistan, puis l’Algérie et le Mali. Il serait, depuis l’opération Serval, en Libye. Il y aurait pris épouse dans une famille puissante de la même manière qu’il il l’avait fait, dix ans auparavant, car Mokhtar Belmokhtar prépare et sait construire et entretenir des réseaux qui le protègent. Il avait ainsi tiré bénéfice de son mariage avec une adolescente issue d’un clan appartenant à une influente confédération tribale des Brabiches, située entre le Maroc, la Mauritanie, le Mali et l’Algérie. L’auteur évoque ainsi le premier groupe constitué par Mokhtar Belmokhtar - la Brigade du martyre - mais également ses relations avec le GIA puis le GSPC, le rapprochement entre le GSPC et Al-Qaïda, la naissance des groupes AQMI, Ansar Dine et du MNLA. Lemine Ould M.Salem relate aussi les coulisses des négociations des prises d’otages de Robert Fowler, envoyé spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Louis Guay et leur chauffeur, Soumana, en décembre 2008, ainsi que l’assassinat de Vincent Delory et d’Antoine de Léocour, en janvier 2011, et la prise d'otages d'In Amenas en janvier 2013.
Mokhtar Belmokhtar n’est pas un jihadiste opportuniste attiré par l’appât du gain. Il tient à réaliser, précise-t-il, un objectif : « étendre la « guerre sainte » dans le Sud algérien, et au-delà, dans l’ensemble du Sahara ». Ainsi, l’auteur relativise les rumeurs décrivant l’émir comme un contrebandier de cigarettes qui lui vaut le surnom de « Mister Marlboro ». Il n’existerait en effet aucune preuve du financement du terrorisme par ces trafics. Certes, il était en contact avec des contrebandiers et  aurait effectivement fait du trafic de carburant ou de produits subventionnés en Algérie, mais aucune preuve n’attesterait d’un quelconque trafic de drogue ou de cigarettes : « cette réputation de trafiquant de cigarettes ou de drogue a en fait été inventée par les services algériens, puis reprise par leurs homologues des pays du Sahel » d’après un haut responsable cité par l’auteur. Un point de vue dont se défend le protagoniste lui-même, dans une interview citée à plusieurs reprises pour la revue en ligne de l’ex-GSPC : Majallat al-Jamaa
Lemine Ould M.Salem connaît indéniablement cette région et nous invite à le suivre dans cette quête impossible du plus célèbre émir du Sahara. Il a pu toutefois rencontrer des proches de Mokhtar Belmokhtar ainsi que des jihadistes condamnés. Ses sources sont très souvent – et pour cause - anonymes : un « haut responsable », un « fin connaisseur des affaires algériennes », une « source sécuritaire sahélienne ». Pour réaliser cette enquête, riche d’informations, il a eu accès à ce qu’on appelle des « sources grises » (procès-verbaux d’auditions, comptes-rendus d’enquêtes). La restitution dans le livre de ces éléments fait du travail de Lemine Ould M.Salem un ouvrage précieux pour une meilleure connaissance de la bande sahélo-saharienne.

jeudi 13 juin 2013

Café stratégique Cultures et géopolitique au Sahara

Ce soir, pour son 26ème café stratégique l'Alliance géostratégique recevra Arnaud Contreras autour de la thématique : Cultures et géopolitique au Sahara.



Arnaud Contreras est documentariste, photographe et producteur à Radio France. Il est l'initiateur du projet Sahara fragile sur le patrimoine saharien culturel, repris en partie par l'UNESCO (voir le programme ICI). 

Ses documentaires et reportages radio pour France Culture, France inter et RFI : ICI

Son blog : ICI

Venez nombreux discuter avec notre intervenant autour d'un verre au café Concorde (239 boulevard Saint Germain, métro Assemblée Nationale de 19 à 21h). 


dimanche 11 novembre 2012

Publications : Sahel

L'IFRI vient de publier deux rapports sur le Sahel : 



The Sahel: A Crossroads between Criminality and Terrorism par Abdelkader ABDERRAHMANE.
Résumé : "Besides the ongoing political conundrum in Mali, it is the entire West African region, from Guinea Bissau to Mali, which is under threat of destabilization. Indeed, for many years now, terrorists and drugs traffickers have been synergizing their respective illegal activities, transforming the Sahel into a narco-terrorist zone. As a result, the Sahel has become a dangerous crossroads for drugs, crime, terrorism and insurgency." Téléchargez ICI

et 

Sahara de tous les dangers. Le Maghreb dans la tourmente ? par Antonin Tisseron 
Résumé : "Alors qu’à la fin de l’année 2011 les groupes djihadistes étaient relativement circonscrits dans l’espace maghrébin, considérés avant tout comme une nuisance plus qu’une réelle menace, en un an, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée. Les conséquences du « printemps arabe » au Sahel, et tout particulièrement au Nord-Mali, ont en effet offert à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) une opportunité de développement dans la sous-région après l’échec du mouvement dans ses ambitions maghrébines. Or, si les pays d’Afrique de l’Ouest sont en première ligne face à cette dégradation de leur environnement, les pays du Maghreb ne sont pas épargnés. Mais les problématiques sécuritaires ne doivent pas masquer les autres enjeux." Téléchargez ICI

jeudi 19 avril 2012

Mali. Les conséquences régionales de l'échec du coup d'État

André Bourgeot (bio) était, le 13 avril, l'invité de Thierry Garcin dans les Enjeux internationaux. Réécoutez l'émission ICI


Résumé de l’émission : "La régionalisation des dossiers a plusieurs sources, traditionnelles ou récentes.
Le nomadisme des Touareg ; les trafics divers ; les routes des caravanes ; les prises d’otages occidentaux (Niger, 2010...) ou de pays environnants (consul d’Algérie à Gao, le 5 avril) ; les attentats (à Tamanrasset le 3 mars, contre une caserne de gendarmerie) ; les groupes islamistes (AQMI, Ançar Eddine, Mujuao affilié à AQMI) ; les projets d’imposition de la charia ; la lutte anti-terroriste ; la création d’un Centre d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), réunissant depuis 2010 l’Algérie, le Mali, la Mauritanie, le Niger (logistique américaine et française) ; l’attaque de l’OTAN contre la Libye et la guerre civile de 2011.

Depuis le coup d’État du 22 mars, dont les auteurs (arroseurs arrosés) ont renforcé les Touareg et les islamistes qu’ils croyaient pouvoir combattre, d’autres facteurs régionaux sont apparus : condamnation rapide de la CEDEAO, organisation économique de l’Ouest africain ; efficacité des sanctions (certes, contre un pays enclavé et pauvre) ; médiations ivoirienne et burkinabé ; implication diplomatique de l’Algérie, qui n’acceptera jamais un État touareg ; réfugiés maliens en Algérie ; divisions internes et chez les Touareg et chez les islamistes."

Sur les sanctions, on lira avec intérêt :  Olivier Schmitt "Thinking strategically about sanctions"ICI

De André Bourgeot, pour aller plus loin  :

- analyse du coup d'Etat à Bamako ICI
- Coups d'état au Mali : Azawad, année zéro ?(avec également Thomas Hofnung, grand reporter à Libération, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest, Marc-Antoine Perouse de Montclos, politologue et enseignant à l'IRD, spécialiste des conflits armés en Afrique de l'Ouest et Atmane Tazaghar, journaliste pour l'Associated Press TV, auteur de AQMI : Enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe, J. Picollec, 2011) ICI
- Désordre, pouvoirs et recompositions territoriales au Sahara (Hérodote) ICI
- Sahara de tous les enjeux ICI
-  Sahara : espace géostratégique et enjeux politiques (Niger) ICI

Ouvrages :
Bourgeot André [1992], « L’enjeu politique de l’histoire : vision idéologique des événements touaregs (1990-1992) », Politique africaine, 48, décembre : 129-135.
Bourgeot André [1994], « Révoltes et rébellions en pays touareg », Afrique contemporaine, 170, 2e trimestre : 3-19.
Bourgeot André [1995], Les Sociétés touarègues : nomadisme, identité., résistances, Paris, Karthala, 542 p.
Bourgeot André (dir.) [1999], Horizons nomades en Afrique sahélienne : sociétés, développement et démocratie, Paris, Karthala, 491 p.

jeudi 5 janvier 2012

Otages au Mali : la parole aux victimes

Philippe Verdon et Serge Lazarevic ont été enlevés dans la nuit du 23 au 24 novembre 2011 à Hombari, entre Mopti et Gao, au Mali, nous avons rencontré les amis de Philippe Verdon, notamment Pascal Lupart qui se mobilise pour sa libération et a accepté de répondre à nos questions.

SLG : Avez-vous eu des nouvelles de Philippe Verdon et Serge Lazarevic depuis leur enlèvement ? Sont-ils localisés ? En bonne santé ? AQMI a revendiqué cet enlèvement mais sait-on aux mains de quelles katibas ils sont ? Quelles sont les exigences émises pour leur libération ? Où en est l’enquête ?
Réponse du comité de soutien :
Quarante jours après le rapt à Hombori (Mali) de Philippe Verdon et Serge Lazarevic, aucune information objective ne nous a été communiquée. Le seul élément que nous possédons est la revendication avec photo faite par Aqmi le 9 décembre, sans que l'on puisse savoir dans quelle mouvance exacte se situent les ravisseurs. C'est aussi ce groupe, qui dans le même communiqué a revendiqué l'enlèvement du 25 novembre à Tombouctou (trois touristes occidentaux -non Français- saisis et un quatrième exécuté sur place).
Les ravisseurs ont annoncé qu'ils feraient connaître prochainement leurs exigences, mais rien n'a filtré depuis lors.
Sur tous les sujets qui nous préoccupent, localisation, santé, contacts éventuels avec les preneurs d'otages, le quai d'Orsay est pour l'instant muet.
Une enquête ayant été diligentée au Mali par la B. C. R. I. La famille de Philippe Verdon a porté plainte avec constitution de partie civile pour avoir accès au dossier. A ce jour rien n'est encore sorti de cette source.

SLG : Quelles sont vos liens avec les otages ?
Réponse du comité de soutien :
Les liens sont :
-Pour la famille de Philippe Verdon, son père [écoutez son message pour Noël ICI], ses deux enfants et leur mère, sa sœur.
-Pour la famille de Serge Lazarevic, sa mère, sa fille et la mère de celle-ci, sa sœur.
-Pour le comité de soutien, les familles, les amis, et des personnalités qui se fédèrent autour de Pascal Lupart ami personnel de Philippe Verdon qui assure la présidence du comité.

SLG : Pour quelles raisons étaient-ils dans cette région ? N’était-il pas imprudent de se rendre dans cette région en ce moment ?

Réponse du comité de soutien :
On savait que la zone du Sahel était sensible, mais le nord du Mali était toujours accessible aux touristes (à preuve, la présence sur place d'occidentaux en vacances) à fortiori pour un déplacement d'affaires. En effet Philippe Verdon et Serge Lazarevic s'étaient rendu sur les lieux pour finaliser un projet d'implantation à Hombori d'une cimenterie, en liaison avec une entreprise locale (Mandé construction). Ils bénéficiaient pendant leurs travaux d'une escorte armée, mais l'enlèvement à eu lieu en pleine nuit à leur hôtel [photo].


SLG : Juste après leur enlèvement les deux Français ont été soupçonné d’être "contractuels" du renseignement français (DGSE), voire des mercenaires ou encore des hommes d’affaires et les médias ont rappelé leur passé aventureux. En effet, auparavant votre ami avait été retenu plusieurs mois au début des années 1990 au Sud Soudan par des rebelles, on parle de relations avec Bob Denard, vous avez été arrêté avec lui aux Comores... [Lire : "Mali. Philippe Verdon, faux barbouze, vrai aventurier"] Qu’avez-vous pensé de ce traitement médiatique de leur prise d’otage ?

Réponse du comité de soutien :
Nous avons été stupéfaits des propos inconséquents qui ont été véhiculés par certains médias, qui faisant fi de la condition de victimes de Philippe Verdon et Serge Lazarevic, spéculaient à leur détriment sur des rumeurs incontrôlées sans se soucier de l'impact que ces publications captables sur internet, pouvaient avoir sur le sort futur des otages.
Ceci nous a contraints à organiser une conférence de presse à Paris chez l'avocat des familles pour restituer la vérité qui se résume comme suit.
Pour ce qui concerne le présent :
Philippe Verdon et Serge Lazarevic étaient au Mali pour y jeter les bases d'un projet industriel, pour cela et cela seulement.
Pour ce qui concerne le passé :
- L'évocation de l'épisode du Soudan est absurde, il ne s'agit que d'un « accident » dont on a fait un roman. Philippe Verdon convoyait, avec deux passagers à bord, un avion de l'Europe à Madagascar. Une panne de moteur au dessus du Soudan l'a obligé à poser son appareil sur un petit aéroport de brousse. Le hasard a voulu que cet atterrissage ait lieu sur le territoire de la rébellion Sud Soudanaise du colonel Garang. Les trois français devenaient aussitôt pour la faction locale une monnaie d'échange, et les négociations par le biais des services français et des ONG, pour leur extraction, ont duré trois mois.
-Philippe Verdon a en effet connu Bob Denard, aquitain comme lui. Ces relations qui se sont bornées à du conseil privé (parution du livre de Bob Denard et affaire judiciaire) n'ont jamais à aucun moment été en lien avec une activité de mercenaire.
-Quant à l'affaire des Comores, les faits sont connus et simples : Philippe Verdon était communiquant et Conseil politique d'un candidat de l'opposition comorienne à la future présidence. A ce titre, il a participé à une manifestation pacifique (autorisée) de l'opposition. Cette manifestation prenant des proportions imprévues, le pouvoir en place prend peur et incarcère arbitrairement l'opposant et son conseil.
Son ami Pascal Lupart venu en appui, connaît à son tour le même sort. Aussitôt on parle dans la presse de complot. En fait l’affaire se dégonfle, il n’y a ni procès ni jugement et tout le monde est libéré. Mais les mots prison et complot ont été lâchés dans les médias, ils colleront définitivement à la peau des protagonistes.
On se hâtera de les faire resurgir lors de l’enlèvement au Mali pour nourrir les hypothèses les plus malveillantes.

SLG : Toutes ces rumeurs ont-elles un effet sur vos démarches auprès des administrations (maliennes, françaises), des médias, de l’opinion publique, etc ?

Réponse du comité de soutien :
Comme indiqué plus haut, notre réponse s’est traduite par la conférence de presse à Paris. Elle a été prise en considération par la plupart des médias qui ont fait mention de nos rectifications.
Notre comité espère de la sorte avoir sensibilisé et mieux documenté tant l’administration, dont on avait dès le départ senti le préjugé, que l’opinion.
Ce travail continue car le comité, tant en France qu’au Mali saisit toutes les occasions possibles pour restituer la vérité.

SLG : Au-delà de ces débats, vous souhaitez rappeler que ces deux Français sont avant tout des victimes. Quelles démarches avez-vous entrepris pour leur libération ?

Réponse du comité de soutien :
Deux démarches sont menées de front :
-L’activité du comité, qui mettra tout en œuvre pour peser sur les pouvoirs publics (une demande d’audience auprès du président de la république a été faite), informer les médias et sensibiliser l’opinion. [NDRL : le 5 janvier suite à une sollicitation d'audience, la présidence de la république a répondu favorablement. Les familles devraient être reçues dans les jours à venir à l’Élysée]
-La procédure que mène l’avocat, qui sera rendue publique pour informer l’opinion.

SLG : Bon courage dans vos démarches et souhaitons que vos amis soient rapidement libérés.

mercredi 21 décembre 2011

États fragiles dans le Sahel

"Le dessous des cartes"  sur ARTE a consacré une émission aux "Etats fragiles dans le Sahel".
Diffusée les 17 décembre 2011 à 17h45 et 21 décembre 2011 à 22h45, vous pouvez la revoir ICI


Résumé : "Dix ans après les attentats du 11-Septembre, le terrorisme semble se déplacer en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Théâtre d’attentats et d’enlèvements à l’encontre des gouvernements locaux et des intérêts occidentaux, le Sahel est-il devenu une nouvelle frontière d’Al Qaida ? Le Dessous des Cartes propose une analyse des facteurs d’instabilité de la région."

dimanche 11 décembre 2011

Sahara de tous les enjeux. Géopolitique, sécurité et développement

Dans le cadre du programme scientifique « Nouveaux enjeux dans l'espace saharo-sahélien» animé par André BOURGEOT (Directeur de recherche émérite CNRS UMR 7130-FMSH Laboratoire d'Anthropologie Sociale), deux journées d'études sont organisées les  13 et 14 décembre 2011


Lieu : 190 avenue de France (métro « Quai de la Gare »)

Résumé: "L'ensemble saharo-sahélien concerné (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Libye
et Algérie),  écologiquement homogène et culturellement semblable est traversé par de nombreux enjeux, rivalités et conflits internationaux, nationaux et régionaux. Il connait depuis une décennie des transformations sociales, politiques, culturelles et économiques, de grande ampleur qui s'inscrivent dans des contextes politiques inédits qui sont :

1. L'apparition cyclique des rébellions armées touarègues (Niger et Mali) qui doivent composer ou se combiner avec des pouvoirs issus de chefferies locales formées sur des bases ethniques, déstabilisent les pouvoirs étatiques.

2. L'émergence de nouveaux acteurs et organisations politiques exogènes aux visées politico-théologiques incarnés par l'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique),  aux activités très souvent criminelles (prises d'otages-marchandises, attentats suicides, versements de rançons, trafics en tous genres .

3. L'existence de réseaux d'acheminement de migrants clandestins et de produits illicites(cannabis, cocaïne)  génère un découpage-maillage de cet espace en « territoires » soumis aux contrôles de groupes ethniques.

4. La présence de richesses minières importantes (pétrole, uranium, or, fer, etc.) génère des compétitions entre les multinationales occidentales et les grandes sociétés nationales.

5. L'effondrement de la Jamahiriya libyenne  a des conséquences sur  la sous région concernée notamment à propos des revenants surarmés et du retour des subsahariens fuyant la guerre civile."

Les thèmes proposés sont :

le mardi 13 décembre 2011, de 9h à 12h - Modérateur, Alain ANTIL (Ifri)

9h - 9h15  Discours d'ouverture prononcé par Maurice Godelier, Directeur d'études (EHESS)

Panel 1  L'état des États et pouvoirs émergents
Assiste-t-on à des recompositions de zones d'influence ?
Espaces en déshérence étatique ?
Les puissances en jeux ?
Quels impacts sur les développements locaux et nationaux ?


9h15 - 9h45  - Georg Klüte, Université de Bayreuth (Allemagne) « Le Nord du Mali : un espace d'anomie » ; débats
9h 45 - 10h15 - Marine De Haas, Université de Hambourg (Allemagne) « L'émergence de la Chine en terre nigérienne : perceptions et enjeux » ; débats

10h15 à 10h30 - Pause-café

10h30 - 11h  - Marielle Debos, Sciences-Po (Paris)
  « La fin d'un épisode guerrier ? Les retours difficiles des rebelles tchadiens » ; débats

11h - 11h30  - Salim Chena, EHESS - CESPRA (France)
« Quelle hégémonie algérienne après le « printemps arabe » » ; débats

11h30 - 12h  - André Bourgeot, CNRS - LAS - FMSH (France)
« Politiques et États dans les septentrions malien et nigérien » ; débats

12h à 14h - Déjeuner

l'après-midi, de 14h à 18h - Modérateur, Georg Klüte
Panel 2  Ressources extractives, compétitions et trafics illicites

14h -14h30 - Benjamin Augé, Ifri  (France)
  « La question pétrolière dans la région saharienne : cas de
  la Mauritanie, Mali, Niger et Tchad
» ; débats

14h30 - 15h  - Hamadou Daouda Youssoufou, Université de Tahoua (Niger)
  « La rente uranifère et pétrolière au Niger et le piège du syndrome
hollandais
» ; débats

15h - 15h30  - Laurent Gagnol-Abdou Afane : Université de Grenoble (France)
  « Les nomades face à la pression sur les ressources extractives.
  L'exemple du nord Niger
» ; débats

15h30 - 16h  - Alain Antil, Ifri (France)
  « L'arrivée de la cocaïne au Sahel » ; débats

16h00 à 16h30 - Pause-café

16h30 à 18h    - Modérateurs, Georg Klüte et André Bourgeot

Synthèse générale et discussions libres avec l'auditoire


le mercredi 14 décembre 2011, de 9h à 12h - Modérateur, Patrick Haimzadeh
(France)

Panel 3 Migrations et terrorisme
Assiste-t-on à de nouvelles formes de territorialisation ?
Sanctuarisation ?
Ethno-territorialisation ?
Quels en sont les groupes qui les contrôlent et selon quelles modalités ?


9h - 9h30  - Julien Brachet (Ird), Armelle Choplin (Univ. Paris-Est),
Olivier Pliez (Univ. Toulouse)
  « Le Sahara entre espace de circulation et frontières de l'Europe » ;
débats
9h30 -10h - Attaher ag Iknane, Présidence de la République (Mali)
  « Activités illicites au Nord mali : pouvoirs émergents et territoires » ;
débats
10h -10h30  - Antonin Tisseron, Institut Thomas More (France)
  « Quelle stratégie contre l'insécurité dans le Nord du Niger et du Mali »
; débats

10h30 à 10h45 - Pause café

10h45 -11h15 - Naffet Kéïta, Université de Bamako (Mali)
  « Découpage-maillage de l'Etat malien dans les régions saharo-sahéliennes»
; débats

11h15 -11h45 - Mehdi Taje (Tunisie)
  « La réalité de la menace d'Aqmi à l'aune des révolutions démocratiques au
Maghreb
» ; débats

12h à 14h - Déjeuner

l'après-midi, de 14h à 18h15 - Modérateur, Mehdi Taje

Panel 4  La guerre civile en Libye et les conséquences régionales de
l'effondrement du régime
  Quels sont les rôles assurés par la communauté internationale et les pays
riverains ?
  Quelles conséquences sur l'ensemble de la sous-région ?
  Remodelage des frontières ?
  Humanitaire et militaire! S'agit-il d'un tournant dans le monde ?


14h -14h30  - Amadou Rabani, Université de Tahoua (Niger)
  « Le Niger, une victime collatérale du conflit libyen » ; débats

14h30 -15h  - Nadia Belalimat, CNRS - CIRED
  « Les berbères libyens, du Fezzan au Djebel Nefoussa et l'émergence
  d'un nouveau pôle politique en Libye
»

15h - 15h30  - Patrick Haimzadeh, Chercheur indépendant
  « La région de Sbha-Al Gatroun : pièce maîtresse du régime Kadhafi » ;
débats

15h30 - 16h  - Saïd Haddad , Ecole de Saint Cyr (Coëtquidan, France)
  « La zone saharo-sahélienne dans la politique extérieure libyenne. Bilan
et  perpectives
» ; débats

16h - 16h30  - Tilman Musch, INALCO - CRREA
  « Encore une guerre française contre les Africains. Regards sur
l'intervention militaire en Libye
».

16h30 à 16h45 - Pause-café
16h45 - 18h15 - Modérateur : André Bourgeot
  Synthèse et débats généraux
Le devenir de ces deux journées d'étude ?
Publication des actes ?
Constitution d'un réseau? D'une équipe internationale ?
Poursuite de la banque de données ?
Élargissement de la problématique au Nigéria (Boko Haram) et à la Corne de l'Afrique (les Chebab) : le djihadisme dans l'arc africain ?
Recommandations ?


18h15  Discours de clôture prononcé par Jean Pierre Dozon, directeur scientifique à la FMSH


Contacts : abourgeot@msh-paris.fr ; bourgeot@ehess.fr

mardi 15 novembre 2011

Les instabilités renouvelées dans la bande saharo-sahélienne

Le 11 novembre, Thierry Garcin recevait dans les Enjeux Internationaux, André Bourgeot, directeur de recherches émérite au CNRS. Ecoutez l'émission ICI



"La décomposition du régime politique à Tripoli et la guerre civile dans le pays ont ajouté aux instabilités dans cette bande saharo-sahélienne, dont les crises et les conflits sont de nature différente, ceux-ci devenant néanmoins de plus en plus interactifs.

C’est d’ailleurs le même constat, mutatis mutandis, qu’on peut dresser aussi bien pour le Proche- et le Moyen-Orient que pour la Corne de l’Afrique (voir l’émission d’hier mardi).

Quelles en sont les éléments clés ? Entre autres : Al Qaida au Maghreb islamique, contrebande et trafics (notamment, de drogue), migrations, prolifération des armes, bandes armées, lutte antiterroriste activée voire instrumentalisée par Washington, question touarègue, etc. Et comment les États, seuls ou en coopération, peuvent-ils relever ces défis ?"

lundi 3 octobre 2011

Quel avenir pour AQMI après la mort de Ben Laden?

Dernier né de l'ANAJ-IHEDN, le Comité "Afrique" a le plaisir de vous inviter à sa première conférence le Mardi 18 octobre 2011, 19h30 à 21h00, École militaire, Amphithéâtre Desvallières.



Dans un message diffusé à l'occasion du 10ème anniversaire des attentats du 11 Septembre, Ayman al-Zawahiri a annoncé soutenir le Printemps arabe, allant jusqu’à le qualifier de « le Printemps de la dignité et de la libération ». Comment expliquer une telle évolution alors que, dans un premier temps, Al-Qaïda semblait prendre ses distances par rapport aux révolutions arabes qui ont entrainé la chute des régimes qu’elle combattait depuis des décennies ?

Le professeur Jean-Pierre FILIU nous expliquera l'évolution d'Al-Qaïda depuis la mort de son leader Oussama Ben Laden, ainsi que le rôle ou non d'AQMI dans les pays arabes du Maghreb.

Télécharger le flyer ICI

Inscription obligatoire à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-afrique

Informations : afrique@anaj-ihedn.org

mardi 23 novembre 2010

AQMI dans le Sahel, une stratégie de survie (2/3)

Revenons à notre trilogie débutée ICI et essayons de comprendre pourquoi AQMI est descendu plus au Sud de son terrain d’action traditionnel ?
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Trois types d’acteurs principaux organisent la zone saharo-sahélienne:
- ceux voulant contrôler les ressources minières
- ceux l’utilisant comme siège pour des trafics en tout genre (cocaïne, humains, armes…)
- AQMI l’utilisant comme refuge

La combinaison de ces 3 éléments provoque la crise actuelle.
1) La présence de minerais stratégique oblige certains Etats à déployer des troupes (la France au Niger, des troupes prépositionnées en Mauritanie et au Burkina Faso). Les Etats-Unis lançaient dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent aujourd’hui les exercices militaires Flintlock. La Chine a fait une entrée remarquée dans la région il y a quelques années, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques (ICI)…etc L’intensification de la présence de ces acteurs extérieurs tant au niveau économique que militaire, dans une zone déjà fragilisée, peu déstabiliser des régimes et des Etats déjà faibles.

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2) La faction saharienne du GSPC qui opérait dans cet espace a toujours été considérée plus comme une organisation criminelle qu’un groupe terroriste conventionnel du fait de son engagement dans le trafic d’armes, de drogue et de cigarettes (nous y reviendrons dans un prochain billet). La criminalité transnationale en Afrique de l’Ouest est fortement développée : trafic de drogue et d’êtres humains, trafic d’armes….Le Sahel est devenu récemment une véritable plaque tournante du trafic de drogue en provenance d’Amérique latine vers l’Europe (voir ICI et explications de Christophe Champin)
Pour Medhi Taj le risque est de voir les narcotrafiquants créer « de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Ayant besoin de sécuriser le transit de leur marchandise, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement ».

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3) Cibles et tactiques d’AQMI :
Droukdel, le chef d’AQMI, a fait allégeance à AQ en septembre 2006 et le groupe a adopté les méthodes d’Al Qaïda
Dans le passé les attaques du GSPC ressemblaient beaucoup aux opérations de guérillas rurales menées par les rebelles algériens pendant la guerre d’indépendance (54-62): des embuscades sur des routes contre des convois ou véhicules militaires. AQMI continue de porter ses attaques principalement sur des cibles militaires ou sécuritaires. Cependant depuis que notamment en attaquant plus souvent des cibles urbaines (attentat contre le siège du HCR à Alger en 2007). Dorénavant les attaques sont filmées et les attentats suicides se multiplient : « We have decided to adopt the sytle of martyrdom operations in the confrontations with our enemies from now on » (Droukdel, Al Jazeera le 8 mai 2007). Ces méthodes contestées ont créées des tensions au sein du mouvement.

Les cibles sont de plus en plus souvent des civils occidentaux, chronologie sommaire:
11 décembre 2007 : 2 attentats à la voitures piégés à Alger 72 morts et 100 blessés
Février 2008 : 2 Autrichiens kidnappés en Tunisie
14 décembre 2008 : kidnapping de Robert Fowler, envoyé spécial de l'ONU et ancien ambassadeur du Canada au Niger et son adjoint Louis Guay, ancien ambassadeur du Canada au Gabon, dans la région de Tillaberi, dans l'ouest du Niger.
23 janvier 2009 : 4 touristes européens (2 Suisses, 1 Allemande, 1 Britannique : Edwen Dyer assassiné le 31 mai 2009) enlevés à la frontière entre le Mali et le Niger, alors qu'ils revenaient d'assister au festival de culture nomade «Tamadachit N'Azawagh » d'Andéramboukane (Mali). Robert Fowler est libéré le 22 avril avec l’Allemande et la Suisse.
Juin 2009 : embuscade sur un convoi de sécurité en Algérie 18 policiers tués et 1 civil
23 juin : assassinat d’un américains à Nouakchott en Mauritanie
29 Juillet : 20 soldats Algériens tués dans la province de Tipaza (IED et embuscade)
8 août : 2 gardes de sécurité sont blessés dans l’attaque suicide devant l’ambassade de France en Mauritanie
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25 novembre 2009 : enlèvement de Pierre Camatte au Mali
29 novembre 2009 : enlèvement de 3 Espagnols travailleurs humanitaires en Mauritanie
8 décembre 2009 : AQMI reconnait être responsable des enlèvements
31 décembre 2009 : il demande une rançon de 7 millions de $ pour la libération des 4 otages + la libération de 4 militants d’AQMI détenus au Mali
18 décembre 2009 : enlèvement de 2 Italiens en Mauritanie et leur chauffeur ivoirien
24 juillet 2010 : assassinat de Michel Germaneau
Aout 2010 : 3 militaires tués et en Algérie par l'explosion d'une bombe au passage de leur convoi près de Baghlia, à l'Est d'Alger
15 septembre 2010 : Enlèvement au Niger de 5 Français et leurs 2 accompagnateurs

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Recrutement d’AQMI: Bien que beaucoup de cadres du groupe ont exprimé leur réticences quant à s’aligner sur Al Qaïda et adopter ses stratégies, il y a pourtant des signes que le rapprochement avec Al Quaïda a aidé le groupe à recruter des jeunes hommes qui voulaient combattre en Iraq et qu’ils ont ensuite utilisés pour des opérations locales. Par ailleurs comme les forces de la coalition quittent l’Irak il y a de fortes chances pour que des vétérans Algériens du conflit retournent au pays et complètent les forces d’AQMI.
AQMI opère dans le sud du désert. Les rapports soulignent que de nombreux endroits du Mali seraient des sanctuaires pour AQMI notamment Tombouctou et Kidal. Ces régions montagneuses offrent protection pour des camps d’entrainement Ces endroit sont aussi des lieux de vie pour les Touaregs (attention au amalgames trop rapides de nombreuses tensions existent aussi entre les Touaregs et AQMI).

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Deux hypothèses permettent d’expliquer la descente d’AQMI dans l’espace saharo-sahélien : se rapprocher des réseaux de banditisme et donc obtenir de nouveaux financements et se mettre à l’abri de la répression de l’Etat algérien. Pour survivre le groupe a développé son action plus au Sud.

vendredi 12 novembre 2010

Le Sahel un terreau propice au développement de la criminalité (1/3)

Voici le premier billet d’une trilogie consacrée à l’Afrique de l’Ouest et plus particulièrement à l’espace saharo-sahélien, publié en parallèle sur AGS
. Nous essaierons de comprendre en quoi cet espace est un terreau favorable à l’expansion des groupes criminels et terroristes (la frontière entre les deux est souvent floue) puis qui sont ces acteurs ? Pourquoi AQMI est descendu de l’Algérie au Sahel ? Comment s’organise la lutte contre cet avatar d’Al Qaïda ?


Un ensemble de facteurs s’imbriquent et expliquent la situation actuelle :
Un espace instable et incontrôlé : Tout d’abord la porosité des frontières est un facteur géopolitique majeur dans la région. L’instabilité dans un pays se propage comme une tache d’huile chez les voisins. Et la région est soumise à de nombreux soubresauts politiques: coups d’Etat en Mauritanie (août 2008) et au Niger (février 2010) ou hyperstabilité (Campaoré au pouvoir depuis octobre 1987, Déby depuis février 1991). D’ailleurs l'entrée des États de la zone dans une période d'élections n'est pas rassurante. En effet la redistribution de pouvoir est au combien déstabilisatrice et génératrice de frustrations. On y observe la naissance ou la renaissance de guerres civiles. Petit aperçu des élections à venir dans la zone : Burkina Faso : Elections présidentielles le 21 novembre 2010. Par une révision de la Constitution Compaore devrait se représenter pour la 4ème fois, Niger : référendum constitutionnel le 31 octobre 2010, les élections locales le 08 janvier 2011, les législatives couplées au 1er tour des présidentielles le 31 janvier 2011, le 2ème tour des présidentielles le 12 mars 2011 et le président élu prêtera serment le 6 avril 2011, Nigéria: janvier 2011, Tchad : les élections générales de 2011 seraient reportées, Mali et Sénégal : 2012

Une situation économique alarmante :
Les pays de la zone sont particulièrement pauvres : le Burkina Faso, la Gambie, la Guinée Bissau, le Sénégal, le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan font parti des PMA (Pays les Moins Avancés) une catégorie créé par l’ONU en 1971 et regroupant les pays les moins développés socio-économiquement. Et pour cause se sont principalement des économies orientées vers l’exportation de produits de base bruts (agricoles et miniers).

La hausse du prix des matières premières n’a pas permis la réduction de la pauvreté car la croissance économique est phagocytée par une forte croissance démographique forte. La population du Sahel devrait doubler et devrait compter 150 millions d’habitant d’ici 2040.
Et même les pays ayant connu une croissance supérieure à 5% ont réduit de façon substantielle le taux de pauvreté. Pourquoi ? Entre autres parce que la région connait une forte corruption qui ne permet pas la redistribution des richesses : l'ONG internationale Transparency International a publié, 26 octobre, son rapport 2010 de la perception de la corruption dans 178 pays. Certains pays, comme le Niger, marquent un déclin, la Mauritanie (143ème), le Tchad (171ème) le Soudan (172ème) sont les plus mauvais élèves. Le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Mali occupent respectivement les 98ème, 105ème, 110ème et 116ème rang.
Et quid de l’emploie des jeunes dans une région où le taux de chômage environne les 18% : 60 % des Africains de l’Ouest ont moins de 25 ans et 70 % moins de trente ans. Cette population est frustrée par la situation politique, économique et sociale est un vivier de recrutement idéal pour des groupes criminels et/ou terroristes en manque de main d’œuvre.

Un espace vide :

La densité du Sahel est plus de 3 fois inférieure à la densité moyenne de l’Afrique subsaharienne et les populations habitent principalement dans les capitales (Nouakchott, Bamako, Niamey, N’Djamena). De fait de vastes espaces restent vides (Nord Mali, Nord Niger, Nord et Ouest Mauritanie…). Ces Etats sont faibles et n’ont pas les moyens de contrôler tout leur territoire en le peuplant ou en ni disposant des forces représentants le pouvoir central. La souveraineté interne des Etats est défaillante. Comme le dit l’adage : « la nature a horreur du vide », certains groupes criminels et terroristes se sont chargés de le remplir.

Des populations vulnérables et marginalisées : 
Le Sahel est un espace vulnérable aux famines or les famines sont circonscrites dans le temps et l’espace et l’on sait aujourd’hui que ce phénomène n’est pas seulement le résultat de calamités naturelles mais qu’il est instrumentalisé, les famines sont cachés pour affaiblir certaines populations, ou créée pour attirer des aides. Mais la malnutrition chronique et quotidienne est aussi une donnée géopolitique, elle affaiblit les populations et cette vulnérabilité devrait croitre avec l’explosion démographique : la production vivrière augmente moins vite que la population.
Ajoutez à cette marginalisation géographique et politique le facteur historique. Certaines populations sont historiquement marginalisées : en Mauritanie on observe des rivalités entre Maures, les arabo-berbères et les Négro-africains. Les Harratines, descendants d’esclaves qui vivent au service de leurs maîtres, et les Beïdanes, Maures blancs pour la plupart. Le jeune qui avait fait un attentat kamikaze contre l’ambassade de France en Mauritanie était un Harratine il semble qu’il ait trouvé dans les revendications égalitaire d’AQMI une manière de lutter contre un Islam qui légitime les hiérarchies traditionnelles. Au Niger le pouvoir militaire appartient principalement aux Djerma-Shongaï le pouvoir économique aux Haoussas, et les Touaregs, peuplent le Nord du pays revendiquent une part du gâteau d’autant que les richesses minières sont dans leur espace de peuplement. Ils réclament : la mise en œuvre effective de la décentralisation, le développement économique, le respect de la diversité culturelle, la plus grande représentation des populations du Nord dans les instances étatiques, l’administration et l’armée ... demande explicitement un versement de 50 % des revenus des sociétés d’exploitation au profit des collectivités locales... Dès lors la question ethnique est un autre facteur géopolitique puisque de nombreuses ethnies vivent entre plusieurs pays qui deviennent des lieux de replis lors de conflits civils (ex : Soudan/Tchad, l’Algérie sahélienne pour les Touaregs en conflit avec le pouvoir central du Niger ou du Mali).
Par ailleurs les traites islamo arabe puis européennes avec la complicité parfois de certaines populations noires ont laissées des traces dans les mémoires collectives. Pour Medhi Taj : « cette fracture raciale Nord-Sud, ancrée dans l’histoire, est à la base d’une profonde conscience ethnico-tribale structurant les sociétés du sahel africain et brouillant la pertinence du concept occidental d’Etat Nation. »

Une série de facteurs qui laissait entrevoir la situation actuelle …